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Olivier Barlet
300 abonnés
399 critiques
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4,5
Publiée le 12 mars 2024
Un récit puissant et fascinant sur l’Histoire de la Guinée-Bissau. (...) A la fois épique et fascinant par la richesse de ce qu’il tresse et par ce qu’il ose esthétiquement, fidèle aux incertitudes temporelles et oniriques du réalisme magique lusophone, Nome est l’interrogation essentielle d’un réalisateur de 73 ans qui s’est battu toute sa vie pour que son pays se développe dans le respect de ses valeurs, dans l’esprit de la Révolution. (lire l'intégralité de la critique sur le site d'Africultures : africultures.com/nome-de-sana-na-nhada-16000)
Le cinéaste de Guinée-Bissau Sana Na N'Hada avait à l'origine un projet de triptyque, consacré à la guerre d'indépendance mené contre les colonisateurs portugais, tout au long des années 60, et encore au-delà. Il n'a hélas pas pu tourner le deuxième volet et réalise avec Nome un film qui traite de la guerre mais aussi de l'après-indépendance, décevante car marquée par la main mise des profiteurs sur l'économie du pays libéré. Sana Na N'Hada, formé à Cuba, a eu l'excellente idée d'insérer dans Nome des images qu'il avait lui-même réalisées pendant le conflit et qui font flotter comme un parfum désuet et paradoxalement nostalgique, en noir et blanc, d'une lutte synonyme illusoire de lendemains qui chanteraient. Le film suit plusieurs personnages, sans que l'on puisse parler pour autant d’œuvre chorale, et ajoute une touche d'onirisme à des événements le plus souvent tragiques. Le spectateur ne sera évidemment pas insensible à cette grâce poético-fantastique mais pourra juger aussi que le film, sélectionné par l'ACID, ne maîtrise pas toujours ses différents aspects, en particulier dans sa dernière partie. Restent les qualités visuelles de Nome, qui sont indéniables, à défaut d'être aussi convaincant dans une narration où l'on sent que le cinéaste a voulu jeter toutes ses forces dans la bataille.
Nome est une jeune garçon bissao-guinéen élevé par sa mère après le décès de son père. Amoureux de sa cousine, il lui fait un enfant, mais s’enfuit de son village par peur de la réprobation dont il risque de faire l’objet. Il rejoint la guérilla indépendantiste qui combat le colonisateur portugais.
Sana Na N’Hada est un réalisateur bissao-guinéen né en 1950. Enrôlé dès treize ans dans la guérilla indépendantiste du PAIGC, il est missionné en 1967 à Cuba pour y apprendre le métier de cinéaste. Revenu en Guinée-Bissao, il filme les combats qui se concluent en 1974 par l’indépendance de l’ancienne colonie portugaise. La majorité de ces enregistrements ont été perdus. Mais ceux qui ont pu être sauvés sont utilisés dans "Nome", qui voit alterner des images de fiction contemporaines en couleurs et des images documentaires d’époque en noir et blanc.
Pour autant, "Nome" n’est pas un documentaire historique qui raconte la guerre d’indépendance. C’est plutôt un conte centré sur son héros, dont le patronyme – « Nome » signifie en créole « homonyme » – sonne comme un programme. Nome est d’abord un enfant privé de son père, dont le fantôme l’accompagnera sa vie durant. C’est aussi un villageois habité par les croyances animistes qui lui ont été léguées. Il devient guerrier par hasard, sans verser dans la geste héroïque que les Pères de l’indépendance ont entendu écrire pour glorifier leur combat et en faire le ferment du nouvel État. Mais une fois cette indépendance durement acquise, il est le témoin du désenchantement révolutionnaire, quand les intérêts privés et l’appât du gain l’emportent sur l’intérêt général.
Soutenu par l’ACID, qui l’avait retenu dans sa sélection à Cannes, "Nome" est sorti en France en mars dernier. J’ai eu la chance de le voir en présence du réalisateur. J’ai été impressionné par sa haute stature et sa lente élocution. Pour autant l’exotisme de ce cinéma et l’intérêt historique de Nome ne suffisent pas à gommer ses maladresses, notamment dans la direction d’acteurs.
Desservi par le manque de moyens, une photo qui ne met pas en valeur les lumières africaines, trop sec formellement, " Nome" ( du nom du personnage principal, autrement dit celui qui porte le même nom que d'autres qui l'ont précédé) est une réflexion sur l'échec du processus révolutionnaire en Guinée Bissau ( ancienne colonie portugaise d'Afrique).
La dernière demi-heure est sans doute la plus réussie de cet opus d'un vétéran du cinéma de son pays ( des scènes d'archives filmées aussi par lui et certains de ses collègues, formés en son temps à Cuba, entre coupent la partie fictionnelle).
Les révolutions sont elles condamnées à être trahies par certains de ceux qui la font ? c'est la question qui interroge le spectateur. En tous cas pour ce qui concerne la Guinée Bissau, le cinéaste répond à la question sans ambage.
On est ici finalement au coeur d'un sujet clef de l'histoire humaine qui transcende largement le seul exemple de la Guinée Bissau.
Réalisation très travaillée, mais ce sujet, les espoirs mis en la révolution et la réalité où la corruption détruit des hommes qui étaient animés par des ambitions très honorables, ce sujet donc aurait justifié une forme beaucoup moins sophistiquée.
Le fond et la forme, dans une harmonie envoutante, rendent Nome un chef d'oeuvre ! Sana Na N'Hada, après son parcours unique, réussi encore une fois nous surprendre.
Un film que j'ai trouvé touchant et d'une grande beauté, surtout dans la première partie consacrée à la vie dans un village "traditionnel" de Guinée-Bissau, à la fabrication d'un bombolo par un enfant qui veut ainsi honorer son père mort récemment et à la relation amoureuse entre le personnage principal, Nome, et une jeune femme du village, avec un rythme et une narration qui peuvent déconcerter au premier abord, mais qui m'ont finalement convaincu. Le film mèle des destins individuels à l'histoire récente du pays, avec la guerre de libération et les désillusions de l'après-indépendance, ainsi que des séquences oniriques, notamment avec les scènes qui opnt pour cadre la foêt, et d'autres réalistes et pluis classiques sur la guérilla et l'après-"révolution". Le tout forme un ensemble composite qui semble parfois hésiter entre le film historique, le message politique et une approche plus symbolique ou métaphorique à travers les destins indiiduels, mais d'une grande originalité et inspiré une manière de voir certainement propre à la culture africaine.