"Le tourbillon de la vie". 2 raisons pour aller voir ce film : la présence en tête d'affiche de l'incomparable Lou de Laâge et un sujet qui m'a toujours passionné, l'importance du hasard dans nos existences, avec des faits en apparence anodins qui vont vous faire prendre tel chemin dans la vie plutôt qu'un autre. Une raison pour ne pas aller voir ce film : la comparaison faite un peu partout avec le cinéma de Claude Lelouch qui n'est pas du tout ma tasse de thé. Commençons par cette comparaison : je rassure toutes celles et tous ceux qui ont les mêmes réticences que moi concernant Claude Lelouch, "Le tourbillon de la vie" ressemble autant à un film de Lelouch que vous ou moi à un évêque anglican. Passons ensuite par un petit mot sur Lou de Laâge : il suffit de dire qu'avec son interprétation de Julia, elle confirme haut la main qu'elle est la meilleure comédienne française de sa génération ! Et profitons en pour glisser que le reste de la distribution est également de top niveau. Quant au film, c'est tout simplement un régal. C'est le premier long métrage d'Olivier Treiner en tant que réalisateur et il se montre aussi inventif dans son scénario que brillant dans sa réalisation. Un passeport oublié ou pas, des livres qui tombent devant telle personne ou telle autre, le résultat d'un pile ou face, et c'est la vie de Julia qui va prendre une direction ou une autre. Hasard ou destin ? Le réalisateur, indéniablement, prend partie pour le hasard, ce qui, reconnaissons le, nous convient tout à fait ! Chaque bifurcation de l'existence de Julia fait l'objet d'un suivi des 2 chemins qui se présentent. Vu le nombre de bifurcations, voilà qui est plus facile à dire qu'à faire. Dans "Le tourbillon de la vie", c'est fait brillamment, grâce, en particulier, au grand talent de Lou de Laâge qui se montre à son avantage dans toutes les Julia façonnées par le hasard. En effet, en plus d'orienter nos vies dans telle ou telle direction, le hasard a aussi la faculté de nous modifier dans nos comportements, d'accentuer ou de minimiser nos qualités et nos défauts. Brillantes aussi, certaines idées de mise en scène, comme, par exemple, cette scène dans un café parisien où une des Julia, présente dans ce café, se transforme d'un seul coup en une des autres Julia, tout à la fois la même et totalement différente. Que ce soit durant la vision du film qu'après être sorti de la salle, on ne peut s'empêcher de réfléchir à tous ces moments clé de notre existence où un fait minuscule, en apparence sans importance, a, à lui tout seul, suffi à vous entrainer vers tel métier, vers telle région, vers telle liaison amoureuse. Par ailleurs, "Le tourbillon de la vie" est un film très musical, ce qui est très tendance en ce moment, après "Maestro(s)" et en attendant pour très bientôt l'excellent "Divertimento" de Marie-Castille Mention-Schaar. Un film avec une affirmation que je partage tout à fait : pour réussir dans les concours d'interprétation, il faut plaire à tous les jurés, il faut savoir se montrer consensuel, ce qui ne peut se faire qu'au travers de la technique qui donc, doit prendre le pas sur le côté personnel de l'interprète, sur l'émotion purement musicale qu'il est à même de dégager. Dans le combat virtuosité versus émotion, c'est malheureusement souvent la virtuosité qui l'emporte ! Toutefois, il arrive parfois que virtuosité et émotion soient présentes simultanément : c'est le cas dans "Le tourbillon de la vie".