Avatars
Un 1er film pour cette fin d’année, le drame écrit et réalisé par Olivier Treiner. Beaucoup d’idées scénaristiques… peut être trop, mais 120 minutes qui valent le déplacement pour leur originalité. Les grands tournants de notre existence sont parfois dus à de petits hasards. Si Julia n’avait pas fait tomber son livre ce jour-là, aurait-elle croisé Paul ? Ou sa vie aurait-elle pris une toute autre direction ? Nos vies sont faites d’infinies possibilités. Pour Julia, il suffit d’un petit rien tellement de fois ; tous ces chemins qu’elle aurait pu suivre, toutes ces femmes qu’elle aurait pu être… Choisit-on son destin ? A quoi tiennent l’amour ou le bonheur ? Du romanesque, beaucoup de musique, de l’émotion et une interprétation à toute épreuve… Une belle fin d’année.
Ce film est bien le tourbillon annoncé. Les rebondissements multiples, les épisodes qui s’enchaînent à vitesse accélérée, le jeu permanent avec le spatio-temporel, tout est là pour nous tenir en haleine au risque de perdre un peu le spectateur en route. On en arrive, à certains moments – fugitifs, Dieu merci -, à ne plus savoir vraiment qui est qui. Car, à vouloir créer quatre histoires différentes, bien que par fois très parallèles -, pour la même femme était sans doute très ambitieux, voire trop. Mais reconnaissons que Treiner, - dont, je le répète, c’est le 1er film -, n’est pas un débutant et a derrière lui une longue carrière de scénariste, d’où sa maîtrise d’un exercice plus que périlleux. Ajouter à cela 87 lieux de tournage pour une histoire qui dure plus de 50 ans, le tout ponctué de splendides moments musicaux – Brahms, Rachmaninov, Mozart, et une très belle bande son originale -, qui décuplent l’émotion, tout cela pour vous dire que ce film est d’une grande richesse et d’une originalité extrême. Laissez-vous bercer en suivant les aventures de Julia, toutes liées à son talent pour le piano et qui la ramènent systématiquement vers les hommes de sa vie. Un très bon moment.
Et puis, en actrice « caméléon -, il y a la formidable Lou de Laâge, d’une justesse folle et dont on partage volontiers les émotions à fleur de peau. Depuis 2015 et Les Innocentes, elle crève l’écran à chacune de ses apparitions comme dans Blanche comme neige ou Boîte noire. Elle est magnifiquement entourée par un casting de luxe avec Raphaël Personnaz, Isabelle Carré, Grégory Gadebois, Denis Podalydès, Esther Garrel, Sébastien Pouderoux, Aliocha Schneider… Que du bon, à condition de s’y retrouver dans un film choral parfois labyrinthique mais qui vaut le coup d’être vu. Bonne fin d’année.