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traversay1
3 645 abonnés
4 878 critiques
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4,0
Publiée le 9 février 2023
Le long-métrage le plus dense et puissant de ce début d'année vient du Portugal et s'intitule Traces (Restos do vento en V.O). De sa scène d'ouverture, saisissante, à celle de "fermeture" (25 ans plus tard), terrifiante, le film de Tiago Guedes nous immerge en milieu rural, de la même manière âpre que As Bestas, pour une tragédie moderne, racontée avec une lenteur d'action somptueuse, privilégiant une atmosphère oppressante, au sein d'une petite communauté. Le personnage principal de Traces, faux idiot de village et marginalisé, entouré de chiens abandonnés, représente la mauvaise conscience des autres villageois, pour des faits enfouis depuis des années et qui ne demandent qu'à resurgir. Sorte de suspense shakespearien, à combustion lente, le film s'inspire de traditions païennes d'un autre âge, à base de virilité exacerbée, qui même caduques, restent dans l'ADN d'un village où règne un modus vivendi seulement tenable par le silence et la certitude que la loi des plus forts écrasera les plus faibles, dès que cela sera nécessaire. La manière dont le cinéaste exécute sa partition, en suggérant la violence larvée, dans une constante économie de dialogues, est impressionnante. Dans la représentation de la figure de l'innocence et de l'ostracisme subi, confronté aux préjugés et à la barbarie, l'acteur Albano Jerónimo se révèle bouleversant, dans le pur dépouillement de son incarnation.
Traces est un film très cinématographique. L’histoire : dans un petit village du Portugal, un homme vit a l’écart du reste des habitants et va se retrouver accusé d’un meurtre d’un jeune garçon. L’histoire est très bien ficelée et merveilleusement incarnée. Magnifique.
Ce bon film au scénario original et prenant est bien réalisé et construit. Il m’a paru intéressant à découvrir. Malgré la longueur du film que l’on ne ressent pas tellement, on est vraiment pris dans l’engrenage de cette affaire qui se situe dans ce village portugais avec ses traditions où tout le monde se connait. C’est en quelque sorte une tragédie grecque moderne qui se déroule sous nos yeux et c’est plutôt bien réussi.
Le scénario est excellent, sombre et prenant. Personne ne pourra ressorti indemne de ce film. C’est comment une personne seule se refuse de tomber dans l’engrenage de la vengeance, de la violence et du toujours plus.
Laureano n’était encore qu’un adolescent lorsqu’il a été battu par ses camarades, le jour de la fête de son village, et laissé pour mort gravement diminué. Vingt-cinq années ont passé et tous les protagonistes de l’histoire sont restés dans le même village qu’ils n’ont jamais quitté : Laureano, vivant dans la seule compagnie d’une horde de chiens sauvages, Samuel, qui a prospéré et eut un fils, Paulo, devenu gendarme, Vitor, impliqué dans une sombre escroquerie, Judite qui a eu avec Vitor une fille, Salomé avant de refaire sa vie avec Paulo… Leur passé va refluer lorsque le corps du fils de Samuel est retrouvé mort, déchiqueté par les chiens de Laureano.
"Traces" est un film portugais diffusé en sélection officielle à Cannes en 2022 (c’était une première depuis 2006) mais sorti en catimini dans les salles en février dernier. C’est un film sobre et âpre dont les critiques évoquent souvent, à bon droit, sa ressemblance avec "As Bestas" : mêmes décors ruraux ("Traces" a été tourné dans le nord du Portugal et "As Bestas" de l’autre côté de la frontière en Galice), mêmes haines recuites, même destins tragiques…
"Traces" est un polar dont la durée de plus de deux heures pourrait sembler rebutante. Pourtant, hapé par le suspense, on n’y regarde jamais sa montre. On apprend bien vite le nom du meurtrier. Et on redoute que la fin du film y perde de son intérêt. Mais, contre toute attente, la conclusion de Traces, la mécanique implacable et tragique qu’elle déploie nous foudroie.
"Traces" ne passe plus en salles. Mais si par hasard, vous croisiez son chemin en DVD ou VOD, ne le ratez pas !
Tout le monde sait mais personne ne veut savoir. Silence sordide et secrets malsains. Mœurs anciennes traditions ancestrales cruelles ... Quand le passé rejoint violemment le présent. Film lent. Parfois les scènes se répètent et le temps s'installe enfin. Un film qui est loin de m'avoir laissé indifférente et pourtant je ne sais comment en parler sauf écrire qu'il me laisse un sentiment amer, une sorte de tristesse au fond du cœur : je n'aime pas l'injustice surtout quand elle touche un être fragile et pur . Je regrette tellement de ne pas avoir pu intervenir.
Présenté hors compétition à Cannes ( édition 2022), " traces" signait le retour d'un film portugais sur la croisette, absent depuis presque deux décennies.
La production signée de Paulo Branco place le film dans la catégorie du cinéma d'auteur, comme le confirme son visionnage.
Sorti dans très peu de salles, il y a fort à parier qu'il ne sera pas beaucoup vu, sentiment renforcé par le peu de spectateurs présents dans la salle ou je me trouvais le deuxième jour de son exploitation.
Situé dans un village de la campagne portugaise, où tout le monde se connait depuis sa plus tendre jeunesse, c'est une illustration de la théorie du bouc émissaire, chère au philosophe René Girard.
Un meurtre survient dans la communauté. Pour que la paix et la tranquillité y revienne, un marginal un peu dérangé mais pacifique, s'accuse pour rendre service à une amie.
Si " traces" n'est pas exempt de défauts ( longueur injustifiée au regard de ce que permet le scénario, description des personnages pas suffisamment fouillée, montage discutable - pas sûr que la première scène aurait dû figurer la ou elle se trouve et en tout cas pas d'une seule pièce -interprétation de certains acteurs imparfaites), on ne peut lui nier certaines qualités qui en font l'intérêt.
La photo, les décors, l'ambition du cinéaste sont évidentes et certaines scènes sont adroitement troussées. C'est déjà pas mal, pour un film qui bénéficie d'un canevas intéressant mais qui manque tout de même, du moins à mes yeux, de finition.
Un film agréable à regarder, qui pose un message clair. On peut se perdre un peu dans l'intrigue et il y a un petit manque de dynamisme à certains moments mais le récit comporte des surprises.
Dans ce petit village portugais la seule trace de modernité est la présence d'éoliennes non loin. Sinon que ce soit les fêtes païennes, le comportement des hommes envers les femmes et aussi envers leurs congénères, tout est archaïque. Une célébration idiote de la masculinité toxique, et des femmes soumises ou pleutres. Avec un tableau pareil et une mise en scène sans grâce ni génie, on est plutôt content quand le film s'arrête.
Tout le long du film j'ai pensé à Mystic River, aussi tragique, aussi noir. Le traumatisme donne naissance à un bouc émissaire, un être qui dérange et qui est en même temps bien commode. La caractéristique du bouc émissaire semble être de vouloir rester à la fois dans le lieu et dans le temps (ou de ne pas avoir la force de faire autrement ?) Il semble vouloir jouer le rôle qu'on lui attribue plutôt que de quitter ses racines. Il préfère mourir qu'être seul. Ce film est un polar comme Mystic River et les personnages ne sont pas innocents. Mais il s'y ajoute en plus une sauvagerie mystérieuse des temps anciens, les temps du sacrifice. Si on veut sortir de ce sentiment de désolation, on peut toujours en tirer une leçon : il faut avancer pour briser ce cercle mortel .