La saga Resident Evil à l’époque a pas mal décontenancé les fans du jeu, pourtant les suites se sont enchainées, et je dois avouer que dans l’ensemble j’ai plutôt bien apprécié à chaque fois. Ici le premier épisode n’est pas le plus réussi, mais il dispose de bons atouts pour en faire une série B très décente.
Jovovich s’emparait du rôle pour la première fois. Si elle imposait déjà son charisme, si elle faisait déjà preuve d’une belle conviction, il faut avouer qu’elle est un peu maladroite dans son jeu, surtout au début avant qu’elle ne découvre ses pouvoirs. Ce n’est pas infâme, mais c’est sûr que cela est perceptible, notamment par rapport à Michelle Rodriguez, ici dans un rôle habituel pour elle de casse-cou. Elle n’a pas de difficulté à s’imposer, d’autant qu’elle a le personnage le plus intéressant du lot. Pour le reste on regrettera tout de même un casting masculin un peu trop en retrait. Colin Salmon est le meilleur, mais son apparition est trop restreinte, et Eric Mabius et James Purefoy qui incarne les deux rôles principaux ont non seulement des personnages assez médiocres, mais en plus ils se font clairement voler la vedette par les actrices.
Le scénario est solide. Avançant avec des scènes spectaculaires bien dispersées dans le film, il joue beaucoup sur le suspens en première partie (avec une ouverture intrigante très sympathique), et distille l’action de façon modérée mais efficace. D’ailleurs même les passages dialogués ne sont pas ennuyeux faisant bien avancer l’histoire, même si les monologues de La Reine rouge paraissent tout de même un poil trop didactique. Anderson achève son métrage dans une sorte de bouquet final d’action, bref, c’est bien, l’histoire est convaincante, c’est divertissant.
La réalisation est très propre aussi. Anderson s’est amusé visiblement, et nous expose une galerie d’effets de style, de plans surprenants pour offrir un spectacle qui parait clairement plus classieux que son budget de série B à 30 millions. Si quelques séquences apparaitront un peu frustrantes, Anderson ayant visiblement cherché à pallier le manque de budget d’un côté pour les fx, et la nécessité de limiter les débordements gores de l’autre, l’ensemble se tient tout à fait, et il y a de vrais moments de bravoures (les attaques zombiesques sont loin d’être mauvaises, le final est tout de même spectaculaire malgré des effets visuels qui ne font plus tout à fait illusion, le début est excellent et le passage avec les chiens tout autant). Toutefois il faut avouer que c’est au niveau décor et photographie que Resident Evil est très solide. Ambiance froide, toujours lumineuse ce qui permet de profiter pleinement du spectacle, le laboratoire en question est très crédible et instaure un huis clos étouffant qui pourra rappeler un peu Half Life dans le registre jeu vidéo. Les fx pour leur part ont vieilli, assurément. Certains tiennent encore largement la route comme les chiens et certains maquillages de zombis, mais d’autres, et surtout le monstre final peinent à assurer autant. Maintenant le film date de 2002 et n’a pas le budget d’un blockbuster, donc il ne faut pas non plus avoir les mêmes exigences. Enfin on notera une bande son intelligente, pouvant se montrer très sobre et parfois très métal. J’ai bien aimé, c’est moderne, c’est technologique, souvent froid, bien en adéquation avec le film.
En clair Resident Evil est un bon premier épisode, toutefois ce n’est probablement pas le meilleur. Misant clairement sur l’action plus que sur l’horreur (il y a cependant quelques scènes bien angoissantes), le film est peut-être un peu trop consensuel, mais comme la plupart des films de genre sortant au cinéma. Il a des défauts certes, mais il a aussi des atouts à faire valoir, et mon ressenti final me fait lui accorder 3.5.