On va s'attirer les foudres des utilisateurs de Disney+ (comme on remarque le succès de l’œuvre), mais on n'a pas accroché à ce prequel de Predator, qui use jusqu'à la corde la nostalgie de ceux qui ont grandi avec la saga (nous balançant gratuitement et sans aucune finesse à la tête la réplique culte "S'il peut saigner, on peut le tuer." : cirage de pompes du fan, check), en compensant avec une flopée de gadgets et fonds verts pour ceux qui sont trop jeunes pour se compter dans la première catégorie. Certains le donnent déjà comme "le meilleur après le premier opus", ce à quoi on répondra "En même temps, ce n'était pas bien compliqué...", bien qu'on est loin d'avoir détesté le deuxième (malgré tous ses défauts criants). Subjectivement, ce Prey nous a submergé par ses effets numériques animaliers peu convaincants (les ours, loup, et autres, ne font pas réels), son Predator qui a moins de gueule que le premier qu'on avait découvert (le vieux crâne à moitié cassé versus le magnifique casque aux courbures élégantes... Et dessous, un specimen qui a les yeux plus écartés, ce qui lui donne cet air inintelligent qui nous a fait rire plutôt que frémir), et son incohérence totale, filée sur l'ensemble du scénario : le Predator est une espèce qui chasse pour le challenge et pour l'honneur d'être le prédateur ultime. Alors pourquoi traque-t-il cette jeune fille ultra-nulle pour la chasse (elle ne sait même pas qu'il faut faire attention au sens du vent... On ne fait que du safari-photo, et pourtant on le sait), si ce n'est pour nous infliger cette morale cucul sous-entendue ("Il a décelé son potentiel futur, et regardez comme elle a progressé finalement !"... Oh pitié). Même chez Predator, Disney ne peut s'empêcher de nous gaver de bienpensance, un petit exploit en soit. Vraiment, et malgré tous les efforts de Dan Trachtenberg, ce Prey ne nous a pas convaincu par tous ses trucages numériques qui se voient à cent mètres, ses situations téléphonées, sa nostalgie "cirage de pompes" et son héroïne qui passe miraculeusement de chasseuse qui rate un groupe de lapins à deux mètres et se met dos au vent, à un petit génie capable de faire face (
et dominer, en galérant moins que Schwarzy
) un Predator. On n'a pas vraiment hâte de voir la suite, même pour expliquer comment le pistolet obtenu par l'héroïne arrivera dans l'ancienne saga (un autre lien fait au forceps)... Cette Prey-logie nous semble encore trop prey-pubère.