Jack l’éventreur est un des tueurs séries ayant marquait le plus l’esprit des gens. Plus de 120 ans après ces faits, il est encore une source inépuisable pour les écrivains ou réalisateurs.
« From Hell » n’est donc pas le premier film qui aborde cette série de meurtres, mais c’est un des seuls qui ne suit pas fidèlement l’Histoire. Effectivement, le film donne l’identité de Jack L’éventreur. Vu les nombreux suspects dans cette histoire, les frères Hughes n’ont eu qu’à en choisir un et de créer un scénario dessus. C’est à la fois cool et dommage, car si on n’assiste pas à un témoignage fidèle de l’Histoire, le film réussit tout de même à se rendre intéressant à de nombreux égards.
Le principal atout de « From Hell » est sa forme, et non son fond, mais on y reviendra plus tard. La forme se caractérise par les décors, les costumes et l’ambiance développée tout au long. Les décors dépeignent à merveille le Londres de la fin du XVIIIème siècle, avec ses rues sales et son ambiance lugubre. L’ambiance est particulièrement malsaine, en partie grâce au profil sombre du film : la lumière est souvent noire, et les rares fois où la lumière apparait, c’est pour enfoncer le clou. « From Hell » étudie parfaitement le climat social de l’époque, la distinction des classes est omniprésente. Les nombreux dialogues traitant de ces sujets montrent la haine et la répugnance existantes contre les étrangers (surtout les juifs) et les gens pauvres. Les paroles du chef supérieur de l’inspecteur Fred Abberline résume parfaitement l’état d’esprit du haut de la société de l’époque. Mais c’est là qu’arrive le grand paradoxe de « From Hell » : la forme est bien plus intéressante et supérieure que le fond.
Ce dernier n’est pas vraiment mauvais, mais c’est difficile d’entrer vraiment dans le film. Il faut attendre la première heure pour qu’il se passe quelque chose de surprenant, pour que la machine se mette en route quoi. La tension recherchée, quoique peu intense, est assez satisfaisante : elle monte crescendo pour arriver sur un dénouement bien trop décevant. Comme je le disais plus haut, « From Hell » prend pied sur la véritable histoire de Jack l’éventreur en inventant le meurtrier. Et là, c’est catastrophique, on part dans un délire avec les francs-maçons, qui finit par tourner en rond. Quand on comprend enfin où les frères Hughes veulent en arriver, toutes les scènes s’y apparentant dans le film, deviennent d’un coup ridicules (les sortes de cérémonies, surtout). Un gros What The Fuck pour résumé gentiment. Le film aurait pu prendre une tournure géniale, mais il se contente de s’enfoncer dans une merde sans nom, il n’y a pas d’autres mots. C’est frustrant, déjà que le fil n’était pas excellent alors là… En fait, la seule partie qui tient en haleine est d’une durée de vingt-cinq minutes… pas drôle ! L’autre gros défaut est la violence, le problème, c’est qu’il n’y en a pas. Les crimes devaient être sanglants non ? Bah, c’est tout le contraire, on ne voit strictement rien, elle est juste suggérée (et très mal d’ailleurs). Moi qui attendait beaucoup sur ce point, c’est encore une sacrée désillusion.
Du côté des acteurs, ce n’est pas la joie aussi. Johnny Depp, en particulier, signe une performance déconvenue. Il ne fait que survoler les aspects de son personnage, alors que ce dernier était un vrai nid pour construire quelque chose de solide (sa femme morte, sa dépendance aux drogues). Le bouquet est atteint avec ses visions, qui n’avancent à rien. Reste tout de même le bon boulot Ian Holm, qui interprète à merveille son personnage. Les actrices jouant les fameuses prostituées sont convaincantes, sauf Heather Graham qui sur-joue. En fait, ce sont surtout les rôles secondaires qui brillent ici.
« From Hell » est le film type qui aurait pu être très bon, si les réalisateurs n’avaient pas voulu modifier l’Histoire (éternel problème avec le cinéma, soit c’est bon, soit c’est mauvais. Mauvaise pioche là !). La mauvaise surprise reste tout de même Johnny Depp, loin d’être sous sa bonne étoile.