Le règne du feu est un film original qui développe un univers post-apocalyptique généralement aperçu de nos jours uniquement dans les films de zombies. L’idée de le transposer avec des dragons était une très bonne idée, et me fait donc commencer pour une fois par le scénario. Celui-ci part donc sur une base singulière, et cela joue indéniablement dans son charme. L’origine du problème n’est pas d’une folle imagination, et le déroulement du film en lui-même est très classique, ce qui réduit un peu l’impact du métrage au final. C’est néanmoins rythmé, nerveux, bien condensé (le fait de ne pas avoir voulu faire un film de 2 heures est une bonne chose). Le final est par ailleurs très enlevé, et la gradation dans le Règne du feu est très solide. On sent l’expérience du téléaste, plutôt habitué aux formats courts qui doit se remuer vite pour développer une histoire.
L’interprétation est de qualité, et repose très sensiblement sur les épaules du duo Bale-Mc Conaughey. Pour ma part ce-dernier m’a vraiment impressionné dans un rôle où il est presque méconnaissable. Il joue un personnage plus subtil que son physique le laisserait penser, et s’avère d’une grande justesse. Bravo à cet acteur que j’avais plutôt tendance à avoir vu dans des comédies ou des films d’aventures légers comme Sahara. Bale lui est un métronome, et en général quelque soit son personnage il lui donne toujours une belle puissance. Ca ne loupe pas ici. Le reste de l’interprétation a clairement moins de travail à abattre, mais elle est solide et carré. Rien à redire.
Au niveau visuel, le Règne du feu est très très correct. Son budget il est vrai été très honorable (60 millions), mais c’est là une somme qu’il exploite fort bien. Les décors sont d’excellente facture, en particulier la vue de Londres en ruine, vraiment impressionnante. Le coté apocalyptique est habilement rendu, et c’est un vrai plaisir que d’évoluer dans cet univers sombre et austère. La photographie sublime d’ailleurs bien l’atmosphère. Les images sont léchées, soignées, avec un travail sur les couleurs et les contrastes (lorsque les dragons crachent dans l’obscurité par exemple) d’une grande beauté. Vraiment un film de haut vol de ce point de vue. La mise en scène n’est pas en reste, et se débrouille là où elle pouvait vraiment être à la peine : c'est-à-dire dans la manière de suivre les dragons en vol sans donner lieu à un travail trop flou. Le résultat est à la hauteur, même si Bowman n’est pas non plus transcendant. Je note que les effets spéciaux sont de qualités, même si le design des créatures était perfectible. Les dragons ont une excellente animation, sont bien incrustés, et si Le règne du feu ne peut pas rivaliser avec les blockbusters à plus de 100 millions (ou 200 millions), il livre un travail plus que respectable.
Pour conclure voilà un divertissement de très belle qualité. Le règne du feu n’a pas vraiment de gros défauts, en dehors d’un scénario assez banal au final, qui partant d’une idée originale, ne parvient pas à construire un déroulement surprenant. Néanmoins l’interprétation est convaincante, et visuellement le film offre une partition vraiment agréable. Je le conseille, sauf pour ceux qui cherchent un film post-apocalyptique qui se distingue du tout venant.