Pourquoi ?
Oui pourquoi, comme le disait une spectatrice à la sortie du film de l’iranien Mohammad Reza Aslani, pourquoi donc avoir ressorti ces 100 minutes qui fleurent bon le navet farsi ? Suite à la mort de son épouse, Haji Amou, un commerçant traditionaliste, patriarcal et corrompu, projette de se débarrasser de sa belle-fille, Petite Dame, héritière en titre de la fortune et de la belle maison luxueuse dans laquelle ils vivent. Cette femme émancipée et moderne est paralysée et ne peut se déplacer qu’en fauteuil roulant. Pour faire face au complot fomenté par son beau-père, elle se fait aider par sa servante, ignorant que celle-ci joue sur les deux tableaux... C’est donc l’unique film de ce réalisateur qui aurait pu rester inconnu sans que le 7ème Art y perde quoi que ce soit. J’avoue mal comprendre l’enthousiasme quasi général de la presse comme des internautes. Mystère ?
Bien sûr, ce drame nous arrive précédé d’une réputation de film maudit. Il aura fallu attendre quarante-cinq ans pour le découvrir réalisé. Dès sa sortie, en 1976, et ce à cause d’une désastreuse avant-première sabotée au Festival International de Téhéran, on ne le revit plus sur les écrans. Déjà jugée d’emblée trop avant-gardiste et intellectuelle par la critique, vous pensez bien qu’après l’instauration du gouvernement islamique en 1979, L’Échiquier du vent fut interdit à cause de son contenu non-islamique et les bobines alors déclarées perdues. Le long-métrage est finalement visible en 2021 grâce à une restauration très soignée, effectuée sur les négatifs du film découverts par hasard par la fille du réalisateur dans une brocante à Paris ??? D’emblée, je n’ai pas compris le titre, tout comme l’histoire assez absconse du fait de dialogues du genre elliptique et un montage au cimeterre du meilleur effet. Le film est lent jusqu’aux limites du supportables et le jeu (?) des acteurs et actrices (??) à peine dignes d’un patronage des années 60. Il y a là certes une critique de la bourgeoisie prè-révolution islamique dans un huis clos oppressant éclairé à la bougie… et ce n’est pas une blague. Aussi, quand je lis des allusions à Visconti, Kubrick ou Buñuel, mon cœur de cinéphile bondit. Voilà un oublié qu’on aurait dû laisser au fond de sa poubelle. A part le dernier plan, un panoramique qui nous éloigne enfin de cette maison tentaculaire pour découvrir que Téhéran est une ville moderne et en pleine évolution et que l’histoire qu’on vient de nous conter est d’un autre temps, il n’y a rien à sauver de ce pur nanar.
Pour mémoire et parce que je fais mon boulot jusqu’au bout, le rappelle quelques noms de la distribution, Fakhri Khorvash, Mohamad Ali Keshavarz, Akbar Zanjanpour, aussi oubliés – et pour cause -, dans les limbes du cinéma. Passez votre chemin braves gens ! Ah oui, les verreries sont très belles, mais convenez avec moi que ça ne suffit pas tout à fait à faire un film. CQFD !