Avec Acide, Just Philippot réalise un film mêlant les genres entre catastrophe, drame et fantastique, pour un résultat qualitatif et marquant. L'histoire commence dans le Nord et la France et nous fait suivre Selma, une adolescente de quinze ans vivant entre ses deux parents séparés, Michal et Elise. Cette famille fracturé va devoir lutter ensemble afin d'échapper à des nuages de pluies d'acides dévastatrices s'abatant sur leur région. Ce scénario, sous fond de lutte des classes, prend le temps de mettre en place ses personnages avant de réellement faire éclater tout son potentiel tout du long de sa durée d'un peu plus d'une heure et demie. En effet, au fil des minutes, la tension et la tragédie montent crescendo jusqu'à totalement basculer dans la tempête. Cette fuite en avant désespérée donne lieu à des scènes très fortes et impactantes, nous scotchant complètement à l'écran malgré quelques défauts comme des surfaces semblant étrangement résister à l'acide ou encore une facilité scénaristique concernant la pluie qui commence et s'arrête un peu trop juste quand c'est nécessaire. Mais ces petites incohérences n'entachent en rien l'ensemble de l'intrigue. Le sujet du dérèglement climatique et de toutes les répercutions que ce phénomène engendre est très bien traité et cela sans tomber dans une idéologie nauséabonde, ce qui est fortement appréciable. On peut tout de même regretter que celui-ci ne soit pas abordé à plus grande échelle, de façon nationale, afin de montrer comment l'ensemble de la population fait face à ce problème dramatique. Mais le fait de se concentrer sur une famille est un parti pris respectable. D'autant plus que les personnages sont intéressants et interprétés pas une distribution jouant très bien leurs rôles entre Guillaume Canet, Laetitia Dosch, Patience Munchenbach, Marie Jung et Martin Verset. Tous ces individus ambivalents entretiennent des relations à la fois conflictuelles et pleine d'amour, procurant beaucoup d'émotions via leurs échanges, soutenus par des dialogues d'une belle authenticité et un mélange de langues appréciable car bien exploité. De plus, ces rapports mettent très bien en exergue la nature humaine qui surgit pour protéger ses intérêts quand tout s'effondre. Sur la forme, la réalisation de Just Philippot n'est globalement pas très esthétique, cependant, sa mise en scène caméra à l'épaule a le mérite de nous plonger au cœur des événements et des éléments qui se déchaînent. Le visuel est souvent plongé dans l'obscurité mais parvient tout de même à offrir quelques jolis plans impressionnants. Les effets spéciaux de bonne facture permettent eux de crédibiliser cette catastrophe défigurant les paysages. Mais une des plus grande force du long-métrage provient de sa b.o. signée Robert Coudert. Ses compositions tragiques, percutantes, et haletantes donnent une immense puissance aux images et s'accordent à merveille avec le propos, au point d'avoir envie de les réécouter bien au-delà du générique de fin. Une fin qui s'avère à la hauteur du récit, donnant même envie d'en voir d'avantage tant il y avait matière à encore plus creuser la thématique. En conclusion, Acide est un film ambitieux, prenant le risque de proposer une histoire originale, et mérite donc fortement d'être découvert malgré quelques carences dans son écriture.