En bref : en vue des critiques qui ont assassiné le film et de son relatif échec au box-office, cette version de Conan le Barbare reste une agréable surprise. Que les inconditionnels du film de 82 avec Schwarzenegger se rassurent : aucune comparaison n’est ici possible. Ce Conan n’est PAS un simple remake du célèbre blockbuster des années 80 ! Au contraire, c’est une nouvelle interprétation du chef-d’œuvre de Robert E. Howard, qui fut l’un des créateurs originaux du genre d’Heroic Fantasy. Sous bien des aspects, cette vision de Conan, tel que le dépeint Marcus Nispel, est plus proche de celle d’Howard et plus convaincante.
Si on est loin du film parfait – la version de Milius ne l’était pas non plus ceci dit en passant –, il ne s’agit pas d’un nanar sans le moindre intérêt comme trop se sont plus à le dire. Ce serait manquer visiblement de connaissance en Heroic Fantasy en accusant Conan d’être un ramassis de clichés ! Nispel ne fait que reprendre les thèmes qui sont chers à ce genre : un héros musclé et courageux, des prophéties, une sorcière aux pouvoirs quasi-illimités, des monstres inspirés de la mythologie, des « méchants » bien méchants et une demoiselle en détresse (qui ne l’est pas tant que ça au final, elle dépasse le stade de simple distraction sexuelle qui suivrait le héros partout en jupette de cuir).
Si la musique se limite au strict minimum, les combats, eux, sont magnifiquement chorégraphiés. La façon dont évolue Conan durant les batailles est plutôt surprenante : malgré sa carrure pour le moins imposante, Jason Momoa bouge avec facilité, aisance, une sorte de danse aussi sauvage que barbare. Les décors, les scènes de combat grandioses, les effets spéciaux, sont suffisamment convaincants pour faire passer un bon moment aux spectateurs. De la même manière, Jason Momoa, le successeur de Schwarzenegger, endosse avec naturel le rôle légendaire et quasi-culte de Conan, en lui insufflant un côté largement plus félin. Ce changement d’interprétation est plutôt convaincant en mon sens. Rose McGowan, méconnaissable dans le rôle de la sorcière Marique, crève l’écran. Face à ce duo charismatique, les rôles secondaires sont plutôt effacés et inexistants, le moins développés possible, surtout qu’ils ne tentent pas de donner une quelconque ampleur à leurs personnages. Et, question réalisation, Nispel n’est pas en reste puisqu’il parvient à maintenir un rythme assez élevé pour que ces deux heures passent très rapidement. Donc, si ce Conan – très loin de la perfection – s’égare parfois dans un océan d’hémoglobine, un manque d’approfondissement du scénario et quelques longueurs, c’est au final un agréable divertissement, un bon film d’action fantasy, qui ne méritait pas de se faire lapider aussi durement par la critique.