Voilà donc Conan le Barbare version Nispel. Bon, pas mauvais, mais franchement, c’est léger.
1er point les acteurs. Jason Momoa me faisait assez peur dans le rôle titre. Finalement il s’investit visiblement dans son rôle, et veut vraiment faire bien, cela se sent. Il a le physique imposant, il essaye de mettre de la conviction, néanmoins il est un peu trop lisse. Là où Schwarzenegger apportait une certaine froideur, une certaine rugosité, Momoa, malgré sa politique du pas de pitié pas de quartier ne parvient pas à donner cette dimension au barbare. A ses cotés Rachel Nichols n’est franchement pas top. Elle ne s’impose pas du tout à l’écran et le film passé elle s’oublie très vite. En méchant Stephen Lang est assez convenable. J’aurai vu un acteur plus torturé, mais au final Lang passe assez bien, sauf sur la fin où il est en surjeu. Rose McGowan m’a un peu déçu. Elle a un rôle il est vrai fort peu intéressant, mais elle-même reste assez fade. Pour le reste je salue la performance de Leo Howard et celle de Ron Perlman, et en fait j’ai presque était déçu de ne pas continuer le film avec ce duo qui fonctionnait très bien.
Le scénario est malheureusement limité. En fait Nispel s’est concentré sur la baston, du coup le sentiment devant Conan c’est de voir continuellement de la bagarre. C’est d’ailleurs plus qu’un sentiment, car c’est du bourrinage du début à la fin. Entre deux des bribes d’histoire disparates qui ne permettent absolument pas de donner un minimum de relief à Conan, de ce point de vue beaucoup plus gâté par le travail de Milius. Alors certes on ne s’ennuie pas pendant 1 heure 45, mais honnêtement pourquoi choisir de faire un film avec Conan si c’est pour le laisser de coté ?
Visuellement, le résultat est mitigé. La mise en scène est de qualité, avec un bon travail sur les scènes d’action. Nispel est précis, l’action est lisible, ca rend bien à l’écran même si ce n’est pas du niveau de 300. La photographie est élégante, surtout au début. Elle donne une belle ambiance et une belle couleur au film, différente de celle de Milius, mais qui se défend aussi. Les décors eux sont inégaux. Si les paysages naturels valent le coup, les paysages numériques, très beaux sont néanmoins limités à des plans fixes la plupart du temps, se contentant de poser le lieu. Du coup on reste sur sa fin. Alors Conan a évidemment la réputation d’un film sanglant. C’est justifié. Maintenant ca apparait tout de même très largement « commercial ». Autant la violence dans 300 était totalement maitrisée, autant dans Conan c’est à la limite du risible. Ainsi dès que l’on se cogne un peu dans Conan vous avez le crâne fracassé, quinze litres de sang qui se répandent sur le sol… Il y a par ailleurs une scène de torture qui fera rire les habitués, mais qui dégoutera probablement les non-initiés. Honnêtement je déconseille Conan à un public trop jeune pour les parents qui pensent que cette version est proche sur ce point de celle de Milius. Niveau effets spéciaux rien à dire, c’est très solide même s’il n’y a rien non plus de très audacieux. Enfin la bande son est agréable, mais pas non plus très marquante.
Conan est un film au bout du compte assez quelconque. Pas laid visuellement, il a néanmoins une histoire assez passe-partout (avec une conclusion d’ailleurs pas géniale), et un casting inégal. Il se regarde sans problème, mais s’il est vrai que techniquement le film met un peu plus Conan dans l’époque moderne, il a énormément perdu en richesse et en poésie. Pour les fans de bourrinage avant tout, moins surement pour les fans de Conan.