Dans les années 90, le star system marchait encore. Et pour cause, il suffisait d’une célébrité hollywoodienne pour que le film en question, tout aussi basique qu’il soit, attise l’attention des curieux. Comme par exemple Le Collectionneur avec Morgan Freeman (surfant sur la côte de Se7en). Mais ce concept s’est peu à peu atténué au fil des années, causant la perte de nombreux projets tombés dans l’oubli dès le jour de leur sortie. Ce fut le cas de Pas un mot…, thriller qui ne fit pas des merveilles en 2001 et ce pour plusieurs raisons (dont un titre pas vraiment accrocheur, il faut bien l’admettre) malgré des qualités de divertissement indéniables.
Le premier problème provient avant tout du casting. Non pas qu’il soit mauvais, loin de là ! En effet, il propose tout un lot de comédiens assez bons dans leur domaine dont la regrettée Brittany Murphy, l’excellent Sean Bean et d’autres seconds rôles forts honorables (Famke Janssen, Oliver Platt, Jennifer Esposito…). Sans oublier un Michael Douglas fidèle à lui-même ! Mais voilà, du début jusqu’à la fin, Pas un mot… donne l’impression de ne reposer que sur les épaules de ce dernier. De ne laisser aucunement la chance à ses comparses de se mettre en avant alors qu’ils ont quelque chose à revendre (Sean Bean en antagoniste vaut toujours son pesant d’or).
Et pour affirmer que le long-métrage ne compte que sur la présence de son acteur principal, il suffit de voir le scénario pour s’en rendre compte : une banale histoire d’enlèvement d’enfant lié à un braquage raté. Bref, le genre de script que nous a livré Hollywood depuis bien des décennies et ce sous diverses versions copiées et recopiées. Surtout que l’ensemble part assez souvent en cacahuète, via un final qui traîne bien trop en longueur (et usant d’effets numériques franchement dispensables et immondes visuellement parlant) et une trame secondaire totalement inutile (la policière jouée par Jennifer Esposito ne sert strictement à rien, à part meubler le tout pour que le film atteigne une durée de 2h).
Pourtant, Pas un mot… n’est pas aussi mauvais que cela, étant donné que le film sait divertir ne serait-ce qu’un minimum. Et cela, il le doit au traitement de l’intrigue, plutôt captivante en soi, et de l’ambiance qui s’en dégage. Bon, il ne faut pas trop exagérer : nous sommes bien loin d’un David Fincher ! Mais il y a suffisamment de matière et de savoir-faire pour que l’on s’intéresse par ce qui tracasse les protagonistes principaux. Rien qu’en ce qui concerne le personnage d’Elisabeth (interprétée par Brittany Murphy), jeune fille hanté par un passé au point d’être devenue catatonique au fil des années. Un pan de l’intrigue qui flirte par moment avec le paranormal via l’atmosphère arborée. Bien entendu, ce n’est pas du calibre de X-Files, donc ne vous attendez pas à avoir des fantômes, des petits hommes verts ou autres trucs bizarroïdes à la Sixième Sens. Mais c’est superbement dosé pour que l’on se sente intrigué par le script. Et pour un thriller, c’est une bonne chose, non ?
Alors oui, Pas un mot… n’est pas le polar hollywoodien le plus impérissable qui puisse exister. Ni un projet inoubliable de la filmographie de Michael Douglas, déjà bien garnie. Non, il s’agit-là d’un divertissement sans réelle prétention, idéal pour un samedi soir, ni plus ni moins. Il est tout de même fort dommage qu’avoir Douglas au casting ait été le seul moteur de ce projet, ne comptant que sur la présence de la célébrité pour exister.