Matador est de suite inoubliable, si, vraiment ! Pedro Almodovar ne tranche pas. Ce film sera une farce et un drame, facétieux, provocant, indéfendable ... Sa première scène donne d'ailleurs le ton ! Le plaisir solitaire de cette homme devant les images, et la teneur de ces dernières, sordides, il en va de soi laisse entrevoir une première mistification d'une aura trouble. Almodovar, continue dans le registre, avec une mise à mort érotique, qui donne le ton. Le Thriller à porprement parler evoque le crime, ici ils seront multiples, mais sans que l'on y prette au fond beaucoup d'attention. La victime n'est pas très bien servit, un bout de chair sous une couche de chiffon ...
Eva, la jolie voisine / petite amie / mannequin / fille de et futur objet de désir de ce jeune homme qui les relient tous en est une expression manifeste de la constatation précédente ! Cette tentative, par Angel ( Antonio Banderas qui porte le patronyme mieux que personne ) dans cette ruelle rappel un peu Pepi, Luci, Bom, le premier longs métrage de ce même réalisateur. Dans le traitement tragi-comique, la scène avec les policier et Pilar, la mère d'Eva en rajoute une louche !
A bien y regarder, Matador fait office de tournent, moins bon que ses précedentes réalisations, il est une forme mineure de ses futurs succès ! Matador, est néanmoins un film qui fait son petit effet, ne serait-ce que pour ses protagonistes, merveilleux et tortueux, avec une vertue similaire à celle décrite par le raisonnement mesquin et franchement chouette de Pedro Almodovar. Il sufit de consater toute l'iréverence et toute sa franche tendance à s'enorguillir de la morale qu'il souille, il le fait d'ailleurs encore une fois face caméra. Une scène vraiment drole.
Antonio Banderas, Eva Cobo, Chus Lampreave, Carmen Maura, Julieta Serrano ( en madre fada de Religion ! ) font chacun leurs tours des merveilles dans des registres divers et variés. Assumpta Serna et Nacho Martínez sont, en tout cas à mes yeux, les deux êtres les plus fantasques de cette structure qui les sert au mieux, pour une démonstration en touts points de leurs talents communs. J'aime particulièrement à mi-chemin la rencontre entre eux, au cinéma, devant une scène d'amour passionnelle et mortelle, puis au WC, dans un chassé croisé ou les deux se toisent, se manifestent un intérêt qui crève l'écran. Le revoir lui, plus tard assisté à son accident qui l'amène à boiter et découvrir dans l'audience de ce jour si particulier pour lui un visage qui lui semble familier, le tout avec Eva qui tente de lui changer les idées est un autre souvenir direct au moment d'écrire ces lignes.
La tauromachie, la possession, l'obsession de la mort, le rouge, représentation du sang par excellence sont des constantes d'un rapport à la pulsion, diffuse, confuse, un mal qui soulage ... Une finition en apothéose, dans une lumière et une obscurité qui se rencontre.