On s'emballe (et un Mars). Les avis dithyrambiques sur le dernier film d'animation français de SF nous ont intrigué : Mars Express est un curieux objet, pas décevant pour un sou (la richesse infinie de l'univers de l'auteur est impressionnante, qui fourmille d'idées d'adaptations futuristes de notre quotidien qu'on a trouvé plus que brillantes), mais qui nous aura subjectivement laissé sur le côté de la route (mais qu'on recommande franchement de découvrir). Premièrement, le design et l'animation, très "bédé-esque" (plat, sans trop d'ombre, lumière, relief, fluidité) nous a constamment sorti de l'histoire, couplés à des "cuts au noir" toutes les vingt minutes plus que pénibles : on a l'impression de tourner les pages d'une BD, ni plus ni moins. Pour nous, l'adaptation au format cinéma est peu réussie. En revanche, l'excellent bon point qu'on a trouvé dans cette œuvre est le doublage français, dans lequel on comprend rapidement que Léa Drucker s'éclate à incarner cette policière alcoolique qui tente le coup de maître de sa carrière, Daniel Njo Lobé (inconnu au bataillon, mais heureux de découvrir) colle à son personnage au centimètre (d'acier et hologramme) près, Mathieu Amalric nous a légèrement spoilé la fin à la dixième minute (
"Ah c'est Mathieu Amalric !!! Mais, on a vu son personnage trois minutes, ça veut dire qu'il aura son importance à la fin où on cherche le coupable de l'enquête... Oh. Mince. Je crois que je me suis auto-spoilée." Bingo.
), Sébastien Chassagne (et sa voix chaleureuse) en second rôle sympathique... On s'est pris à écouter les voix plus qu'à suivre le film, dû à un sujet trop friand de clichés de chez Terminator 2 et 2001 L'Odyssée de l'Espace (les références crèvent les yeux), à un design subjectivement rejeté (on n'aime pas du tout, mais d'autres seront fans, question de goûts), à une fin qu'on renie encore après le générique (
"Alors, non, on ne passe pas 1h20 à nous attacher à un héros ultra froid, pour nous l'enlever sur une fin nulle comme ça, non, non, non..."
). Surtout qu'en bon tatillon du scénario, on ressort en voulant savoir
où ces entités désincarnées vont, ce qu'elles feront de leur avenir, comment elles vont se réincarner (etc... On est ressortis ultra frustrés par la fin)
). Mais on retient les idées impressionnantes de l'auteur instaurées dans son univers : on rêve qu'un jour les accidents routiers soient aussi bien gérés, mais que les conseillers de vente ne deviennent jamais ces immondes hologrammes algorithmiques... On nous présente tour à tour le meilleur et le pire que l'humain puisse créer avec l'intelligence artificielle, avec beaucoup d'idées sur le sujet. On sent vraiment un profond travail d'imagination autour de ce thème d'assistance (bénéfice, fainéantise, néfaste) par (et pour) l'Homme. Mars Express ne nous a pas envoyé en orbite, mais a su nous intéresser à d'autres niveaux, surtout doublages et finesses d'imagination. La séance n'était pas désagréable, loin de là, donc on vous le recommande chaudement : un Mars, et ça repart (vers d'autres films).