The Lost King : les secrets du tournage

La plupart des gens, y compris les auteurs et l’équipe technique du film, se souviennent vaguement de la découverte de la dépouille de Richard III. Cependant, comme l’indique le producteur Dan Winch, "C’est le genre d’histoires dont on a tous plus ou moins entendu parler, mais dont personne ne connaît l’invraisemblable réalité dans sa globalité."

Dès le départ, c’est ce gros titre dans un journal qui a inspiré les scénaristes Jeff Pope et Steve Coogan : "Une mère de deux enfants, originaire d'Edimbourg, a retrouvé la dépouille d’un roi disparu dans un parking. Avant tout, c’est une histoire vraie. C’est l’histoire de femmes ignorées et oubliées par la société - de gens modestes qui ne s’en laissent pas compter."

"Et qui ne prennent pas toujours ce qu’on leur raconte pour parole d’évangile. Les gens n’aiment pas l’injustice. Ils aiment les histoires à la David et Goliath – et c’en est une dans la mesure où elle oppose une simple amatrice à tout un système institutionnel."

Il a d’abord fallu convaincre Philippa Langley d’autoriser la production à s’emparer de son histoire. Elle se souvient : "Quand on vous contacte pour vous dire qu’une société de production aimerait raconter votre vie, vous n’y croyez pas une seconde. Ce n’est pas une question qu’on aborde à la légère puisque, au fond, vous confiez votre vie à des étrangers. Mais j’ai eu envie d’écouter Steve et Jeff, j’ai compris qu’ils se passionnaient pour mon histoire et j’ai eu le sentiment que je pouvais leur faire confiance."

Une fois que Philippa Langley a donné son accord, Steve Coogan et Jeff Pope ont commencé à écrire le scénario. Pour les auteurs, il était essentiel d’insuffler une tonalité légèrement comique au film, proche de celle de Philomena (un film de Stephen Frears sur lequel ils avaient collaboré en 2013). Ils expliquent : 

"On écrit des histoires sur un sujet précis et on utilise le ton de la comédie pour rendre accessibles des enjeux qui, dans un autre contexte, pourraient sembler rébarbatifs. On ne cherche pas à être élitiste – bien au contraire, on souhaite toucher le maximum de gens possible et raconter, avec subtilité et humour, une histoire qui donne matière à réflexion et qui soit drôle, et surtout pas ennuyeuse. C’est un dispositif, pas une fin en soi. La comédie est un genre formidable car elle séduit les gens."

Pathé et BBC Film, qui avaient accompagné Philomena, se sont engagés dans le projet dès sa naissance et ont financé son développement. Puis, Ingenious et Creative Scotland ont apporté un financement complémentaire.

Une fois que Philippa Langley a accepté de participer au projet, certaines règles ont été adoptées comme l'explique le scénariste Jeff Pope : "Par exemple, on a convenu que Richard III était un prolongement de son subconscient : quand elle parle à Richard, en réalité elle se parle à elle-même. Une fois ces règles établies, on s’est dit qu’on pouvait y injecter de l’humour et qu’on n’était pas obligé de prendre ce dispositif trop au sérieux".

La productrice Christine Langan remarque : "Le périple de Philippa a une valeur métaphorique et Richard y joue un rôle important. C’est pour cela que cette histoire est aussi riche et universelle. Au fond, on devrait tous avoir un Richard III qui nous guide sur notre trajectoire."

The Lost King a été tourné à Édimbourg, une ville filmée comme un personnage à part entière du film. L’équipe a notamment tourné au château, dans la vieille ville médiévale, à la cathédrale St Mary et au Forth Rail Bridge qui sert d’arrière-plan à l’Albert Pub où les partisans de Richard se retrouvent dans le film (un élément conforme à la réalité puisque Philippa Langley habite à Édimbourg).

Christine Langan confie : "Tout commence de manière parfaitement banale dans les rues animées d’Édimbourg, mais en réalité l’histoire est en train de s’écrire autour d’un mystère. Les images sont magnifiques et la silhouette des bâtiments d’Édimbourg qui se détachent à l’horizon est tout simplement grandiose. C’est une manière très intelligente de créer un pont entre le passé et l’avenir."

Un tout autre défi a consisté à reconstituer la dépouille de Richard, comme le rappelle le chef décorateur Andy Harris : "On a engagé un accessoiriste pour fabriquer le squelette et le résultat était épatant, d’autant que c’était la partie la plus difficile de notre mission. C’était très gratifiant de voir le squelette disposé comme dans la réalité et les comédiens qui s’affairaient tout autour."