Dérapages incontrolés est un film que j’attendais sous l’angle du petit thriller américain basique. Je dois avouer que si j’ai trouvé le métrage un peu plus intelligent que prévu, j’ai été en revanche déçu par son rythme faible, et par une certaine fadeur générale.
Niveau casting c’est une bonne surprise que ce duo Affleck-Jackson. Affleck est typiquement dans le genre de rôle qui lui convient bien, et il met très à profit son allure de golden boy au service de ce personnage d’avocat à qui tout réussi ou presque. Entrainant, juste, faisant preuve d’une conviction certaine, il est très agréable à suivre, et je comprends que le film s’attarde finalement un peu plus sur lui que sur Jackson, qui, bien à l’aise, est cependant un ton en dessous d’Affleck. Autre très bonne surprise du casting, un mémorable Sidney Pollack, qui apparait avec modération mais fait de chacune de ses apparitions un moment marquant. En revanche le casting féminin est assez faible. La présence de Toni Collette et d’Amanda Peet ne le sort pas de l’anecdotisme, et les deux actrices elles-mêmes ne font pas des étincelles.
Le scénario souffre de certaines lenteurs intempestives. En effet Dérapages incontrôlés n’a pas beaucoup d’action, et surtout souffre d’une narration un peu chaotique, qui finit par gêner parfois. On sent une bonne idée, ça fonctionne relativement bien quand même, mais c’est un peu mou, un peu convenu, avec trop de consensualité, et même si le film se rattrape en délivrant un propos sérieux et pertinent, sans nul doute, le divertissement est moins là. Malgré la gradation des évènements, on ne se sent de surcroit pas étouffé comme on devrait l’être avec un métrage de ce genre, jusqu’aux limites paroxystiques. Le film reste au milieu du gué, et c’est un peu embêtant.
La réalisation est de Mitchell est sobre, pertinente, c’est un travail de réalisateur expérimenté mais qui manque d’audace. Dérapages incontrôlés est propre, Mitchell exploite quelques petites choses intéressantes (les reflets dans les vitre notamment), et il est à l’aise, mais c’est à l’image du scénario : lisse parfois, trop tendre. Pour le reste, je n’ai rien à redire de particulier sur les décors, la photographie, qui témoignent d’une belle élégance visuelle, il faut dire quand même que le budget du métrage restait on ne peut plus confortable pour se doter d’une allure classieuse. Je ne parle pas de l’action car il n’y en a presque pas, et je m’attarderai sur la bande son. Simple, jouant surtout un rôle de faiseuse d’ambiance, elle est réussie, et colle bien au métrage.
En conclusion Dérapages incontrôlés est un film assez bon, mais qui reste trop académique. La mise en scène en est révélatrice, malgré de petites audaces de ci de là, et surtout l’histoire, qui n’enfonce pas le clou jusqu’au bout, et laisse un peu sur sa fin. Le rythme pas aussi emballant que prévu ajoutant sans doute encore à cette impression de semi-torpeur qui saisit au visionnage du film. Je lui accorde 3.