Les Carnets de Siegfried couvre une grande partie de la vie tumultueuse de Siegfried Sassoon, poète de guerre et militant pour la paix. Son interprète Jack Lowden s'est beaucoup documenté sur le sujet, que ce soit en amont et pendant le tournage : "J’avais lu tous ses journaux intimes, dont certains ont été écrits sur le front. Il me fascinait", se rappelle le comédien, par ailleurs habitué aux films et aux séries d'époque, comme en témoignent ses prestations dans Dans l'ombre des Tudors, Dunkerque, Guerre et Paix ou encore Marie Stuart, reine d'Écosse.
Michael Elliott souligne la loyauté indéfectible de Lowden : "Jack est arrivé au tout début du projet. Il a été d’un grand soutien et s’est impliqué dans le projet pendant un an et demi, tandis qu’on cherchait à mettre en place le financement."
L’histoire de Siegfried Sassoon est présentée pour la première fois au regretté Terence Davies par Ben Roberts, qui dirige alors le fond de financement du British Film Institute. En 2015, le réalisateur accepte d’écrire et de réaliser Les Carnets de Siegfried. La société de production EMU Films se lance dans le projet avec Michael Elliott comme producteur en avril 2016, avant le début du développement du projet avec le British Film Institute. "Au départ, on pensait que tout serait bouclé en un an. Mais en fin de compte, le projet s’est étalé sur plus de cinq ans", se remémore le metteur en scène décédé le 7 octobre 2023.
Le problème résidait en partie dans la complexité de la vie de Sassoon et ses diverses facettes. Comme le reconnaissait Terence Davies : "Ce n’est que lorsque j’ai commencé à lire des textes sur sa vie que j’ai pris conscience de l’ampleur du sujet. Comment écrire cette histoire et lui donner du sens ? Tout ça en deux heures de film. Il y avait tellement à faire et tellement à perdre."
"Il m’a semblé qu’il valait mieux se concentrer sur les choses qui m’intéressaient. Je ne savais pas que Sassoon était gay, ni qu’il s’était converti au catholicisme. Étant moi-même un ancien catholique, ça a été un choc. Il y avait aussi cette quête constante d’une forme de rédemption, qui n’aboutit jamais puisqu’on ne peut pas trouver la rédemption dans quelque chose ni quelqu’un."
"C’est en soi qu’il faut la trouver. Il a fait ce que faisaient beaucoup d’homosexuels à l’époque : il s’est marié. Je crois qu’il pensait sincèrement que l’amour d’une femme pouvait le soigner."
La préparation du film commence en 2019, dans l’objectif de démarrer le tournage au printemps 2020. Le producteur Michael Elliott se rappelle : "Terence venait de boucler le scénario. On s’est mis à chercher le reste du financement et BBC Film a accepté de se lancer dans le projet. Bankside était notre agent et nous a présentés à M.Y.R.A. Entertainment pour le cofinancement, on avait aussi une aide de Creative England qui provenait de leur fonds des West Midlands, ce qui orientait le lieu de tournage."
"Et tout se présentait bien, une bonne partie de l’histoire de Sassoon se déroulait dans de grandes demeures de la haute société, et les West Midlands regorgent de ce genre de maisons, à la fois inexploitées et abordables. On avait déjà de bons contacts dans la production avec les films déjà tournés sur place (y compris certains épisodes de Small Axe, mini-série de Steve McQueen pour BBC TV. Le fonds de West Midlands Production s’est lancé dans le projet avec beaucoup d’enthousiasme."
"On a trouvé des lieux de tournage extraordinaires, c’était fabuleux. On s’est installés à Wolverhampton, et certaines maisons de campagne dans lesquelles on a tourné n’avaient encore jamais accueilli d’équipe de film."
"Quand j’ai commencé à dire que je ferai ce film, c’est-à-dire il y a six ans. Je ne connaissais pas très bien la vie de Siegfried Sassoon. Je suis donc allé acheter trois énormes biographies de lui. Elles étaient très denses. Il semblait connaître tout le monde. Au début, il était très difficile de savoir comment faire ce film, ,comment lui donner forme."