Je suis allé voir Les "Carnets de Siegfried" avec un mélange de curiosité et d'excitation ( la bande annonce est furieusement bien faite).
Je dois dire que je n'ai pas été complètement emballé.
Le message est passé : un poète anglais qui rentre des tranchées horrifiés par ce qu'il a vécu passera le reste de sa vie habité par les fantômes de la guerre tout en menant une vie superficielle.
Le côté anglais du film donne un résultat très maniéré qui peut être repoussoir. Il faut aussi être amateur de longue scènes parlées.
J'avais parfois l'impression d'être au théâtre.
Le film reste visuellement très beau et les acteurs ne déméritent pas et Terrence Davies a un vrai style et une approche artistique qui s'inscrit dans le droite ligne de sa filmographie
Mais bon j'ai commencé à regarder ma montre 30 minutes avant la fin....
Terence Davies (Dcd en 2023) cinéaste anglais de la génération de Loach et de Leigh, mais dont l'audience est nettement plus confidentielle malgré son talent, s'est tourné dès ses premiers opus vers un cinéma biographique introspectif ( à l'instar de Bill Douglas).
Si au début de son oeuvre il a abordé sa propre enfance, son adolescence puis sa jeunesse, il s'est tourné ensuite en direction de la vie personnelle d'artistes majeurs ( la poétesse Émilie Dickinson), d'adaptation littéraire ou originale dont le scénario évoquait l'intimité malheureuse d'unions conjugales mal assortie (" the deep blue sea" peut être son chef d'œuvre).
Ce qui sera définitivement son dernier opus évoque le portrait en pointillé du poète anglais Siegfried Sassoon, né à la fin du XIX ème siècle, homosexuel, marié, qui eut un enfant, s'illustra pendant la première guerre mondiale par sa bravoure au combat, pacifiste, aux amours contrariées, maltraité par la vie, dont la tristesse qui en résultera sera inguérissable.
Davies réussit son affaire dans un opus dont la beauté de l'interprétation, des images, hissent parmi ses grandes réussites.
On regrettera parfois certains choix opérés par le cinéaste dans la biographie du poète ( ses amours finissent par prendre la place centrale au milieu de la projection - on pense parfois au "Maurice" de James Ivory).
Les amateurs du travail de Davies ne manqueront surtout pas " les carnets de Siegfried" (2021) même si les premiers titres qui composent la filmographie du metteur en scène atteignent (selon moi) un niveau de perfection encore supérieur.
La vie de Siegfried Sassoon, poète anglais plutôt méconnu de ce côté-ci de la Manche, aurait sans aucun doute pu être traitée de manière flamboyante par un réalisateur autre que Terence Davies. Mais ce dernier, membre d'une génération éminente de cinéastes britanniques (Frears, Leigh, Loach, ...) est resté fidèle à un cinéma intellectuel, parfois exagérément précieux et n'a retenu de cette longue existence que des éléments bien précis : le traumatisme causé par la première guerre mondiale et ses liaisons sentimentales et homosexuelles. La tonalité est sombre de bout en bout, avec des dialogues brillants mais parfois ampoulés, des poèmes récités en voix off, des scènes d'archives de la grande guerre et ... une ellipse temporelle gigantesque. C'est un film qui porte indubitablement la marque de Terence Davies et qui en dit vraisemblablement plus sur lui que sur Sassoon. L'ensemble, malgré son esthétisme raffiné et son défilé de "beaux gosses", a un côté théâtral très marqué, pour ne pas dire vieillot, avec une absence de rythme qui ne serait pas préjudiciable si le personnage principal attirait davantage l'attention. Il est pourtant joliment joué par l'excellent Jack Lowden mais, malgré ses louables efforts, le personnage de Sassoon parait bien sinistre, nous laissant quelque peu dans l'indifférence à son égard, en grande partie à cause des partis pris d'un scénario qui a choisi de se focaliser sur le caractère saturnien de son héros.
Un biopic qui commence par un pamphlet sur les choix politiques liés à la guerre puis, émaillé de poèmes narrés. Les séquences se succèdent étrangement, avec une sorte de distance, une sensation de survol. L'important est souvent mal amené, pas vraiment approfondi quand le superflu semble l'être, appuyé par des dialogues exigeants. Malgré des images fortes sur la guerre, quelques effets de réalisation intéressants, cette évocation de S. Sassoon reste terne, trop platonique et manque d'émotions.
Quand l'on nous présente Siegfried Sassoon, on découvre un homme qui s'érige contre la guerre qu'il combat avec ses mots dans une lettre intitulée « Déclaration d'un soldat » qui va lui valoir des problèmes. Il ne semble pas contre la guerre de « libération », mais plutôt contre la guerre de « conquête » et c'est comme cela qu'il voit celle dans laquelle il est engagé. Il s'emporte contre la façon dont elle est menée ou plutôt prolongée, car il pense que ceux qui en ont les moyens auraient pu l'arrêter. Cette partie du film qui se poursuit à l'hôpital militaire est plutôt intéressante notamment pour ce qui est de sa relation avec son frère et son psychiatre. Pour le reste, quand Terence Davies s'intéresse à la vie privée de son personnage principal, ça m'a beaucoup moins parlé surtout que la personnalité de Siegfried change et pas en bien. Peu importe ce qu'il a fait et l'impact qu'il a eu, la vie sentimentale de Sassoon ne m'a pas intéressé un seul instant. J'ai finalement ressenti ce que j'ai toujours ressenti avec le cinéma de Terence Davies à savoir de l'ennui. C'est le troisième film que je regarde de ce réalisateur et ce n'est toujours pas le grand amour entre lui et moi, même si j'ai eu bon espoir avec celui-ci, car le début est vraiment pas mal.