En 2019, Marc Fouchard venait de finir d’écrire le scénario de Tanker, où il était déjà question d’un tueur en série. Il s’était documenté sur le sujet et, en attendant de trouver le casting et le financement de ce projet, il lui est venu l’image d’un plan : un tueur et sa proie dansant sur un parking. C’est ainsi que Hors du monde a vu le jour. La danse était déjà un thème central du précédent et premier long-métrage de Marc Fouchard (qui est lui-même un ancien danseur), Break. Avec Hors du monde, il s’agissait de se frotter à un registre bien plus sombre : « j’avais envie de faire un film musical noir et gothique inspiré de La Belle et la bête. Un film musical totalement différent de mon premier film Break, plus grand public. »
Hors du monde possède très peu de dialogues, puisqu’il met en scène un homme antisocial coupé du monde et une danseuse sourde-muette : « je voulais faire un film qui repose essentiellement sur la mise en scène. S’il y a beaucoup de dialogues, la caméra est enfermée par les champs-contrechamps. On peut toujours trouver des solutions, mais il y a des règles immuables. Les silences font gagner en amplitude, en liberté. »
Marc Fouchard dirige pour la deuxième fois après Break le comédien Kevin Mischel, qui lui aussi est issu du monde de la danse. Le réalisateur explique : « il a perdu huit kilos, s’est laissé pousser les cheveux, la barbe… Il est littéralement possédé par le personnage qu’il incarne. Il m’appelait tout le temps, à n’importe quelle heure du jour mais aussi de la nuit, à me poser 1001 questions sur ce tueur en série, sur ce qu’il pensait, sur le pourquoi de ses réactions… Le carnet qu’on voit dans le film, c’est le sien, bourré de notes qu’il a écrit depuis la préparation jusque sur le tournage ! »
Le réalisateur a écrit le rôle féminin principal de Hors du monde en pensant à Aurélia Poirier, qu’il avait déjà rencontrée lors du casting de Break mais qu’il n’avait pas retenue car le rôle était celui d’une danseuse métisse : « je l’ai gardée en tête. Et quand Hors du monde est arrivé, elle s’est imposée. Par ce même côté « à part » que possède Kevin. Et elle a bossé, elle aussi ! Elle a passé beaucoup de temps avec un coach pour la langue des signes – une sourde danseuse d’ailleurs ! -, et elle a travaillé en amont avec Kevin sur les chorégraphies. »
Hors du monde a été réalisé avec un budget et une équipe modestes et un temps de tournage réduit (dix-neuf jours). Pour le réalisateur, ces contraintes ont finalement eu du bon : « ça m’a libéré. Moi qui suis un obsessionnel de la préparation, là, j’ai laissé beaucoup de place à l’impro visuelle. Et comme on était une équipe très légère, on pouvait changer d’angle ou carrément de décor en deux temps trois mouvements au moindre pépin. Il y a eu beaucoup de boulot en amont, le tournage fut très intense, et pourtant tout s’est fait naturellement. »