Philippe Claudel adapte Philippe Claudel. En 2001, alors qu'il soutient sa thèse en littérature française (qui restera inédite, en dépit d'une mention "TB" - avec félicitations unanimes du jury), il publie "Le Bruit des trousseaux" (glaçant, s'il en est, comme "bruit"), un "roman" largement autobiographique, relatant son expérience d'enseignant en prison. 20 ans plus tard, voilà une fiction télévisuelle qui en est tirée, par lui-même.
Et c'est une réussite. De narration. Sans une once de pathos, sur un sujet hautement délicat. Le trentenaire Alexis Pasquier a quitté une carrière prometteuse dans la gestion de patrimoine, pour enseigner (le français) en détention.
On va suivre 1 h 30 durant son apprentissage.... d'homme (bien au-delà du prof). Petites touches pour univers fracassé (les prisonniers - des deux sexes, les gardiens, les collègues : dedans ; mais aussi le vent mauvais de la destinée qui vous fait délinquant, le retour à la liberté impossible : dehors), avec vue pourtant sur "Le ciel est, par-dessus le toit, si bleu, si calme !...". "Sagesse" verlainienne, amour (pour Alexis et Léa, et d'autres, peut-être - espoir/s..).
Réussite aussi de mise en scène, sobre, et de casting, convaincant : Cyril Descours (Alexis) bien sûr, mais aussi, pour n'en citer que deux autres : Wim Willaert ("Rico") et Frédéric Pierrot (le père de Mlle Chartier).