Qu'il paraît loin le temps où la jeune Elisha Cuthbert se faisait courser sans raison par un cougar entre deux attaques terroristes ! Celle que l'on a connu en fille de Jack Bauer dans "24" puis en "Girl Next Door" ou victime d'infâmes tordus de films d'horreur des années 2000 ("La Maison de Cire", "Captivity") revient aujourd'hui en tête d'affiche pour jouer une mère de famille dans une petite production d'épouvante irlandaise sortie sur Shudder aux États-Unis. Et si, contrairement à une majorité de mortels, le temps a eu la bonne idée de ne pas altérer la beauté juvénile de la comédienne, il faut bien avouer que ces retrouvailles avec elle sont tout de même synonymes d'un méchant coup de vieux pour tout spectateur l'ayant découverte dans les rôles d'héroïnes plus ou moins ingénues de ses débuts...
Des chœurs très lugubres de "oooohhh" et de "aaaahhh" pour accompagner l'emménagement d'une famille heureuse dans une vieille demeure n'annoncent jamais rien de bon, ça ne loupe évidemment pas : l'aînée des deux enfants de "The Cellar", une caricature d'adolescente rebelle, disparaît sans explication dans la cave de la maison. Inconsolable, sa mère cherche par tous les moyens à la retrouver, persuadée que la clé du mystère réside dans les signes étranges apposés à divers endroits de la bâtisse...
Passons sur l'habituel refrain de la culpabilité d'une mère ayant choisi de privilégier ses activités professionnelles à sa progéniture, surligné ici à la pelleteuse par la finesse de la faire travailler dans le ciblage publicitaire de jeunes sur les réseaux sociaux là où elle ne s'est jamais intéressée aux activités virtuelles de sa propre fille (ajoutez à cela qu'elle oubliera ensuite très souvent son autre enfant, le mettant même carrément involontairement en danger tout au long du film), "The Cellar" fait clairement dans le basique sur le versant familial de son histoire pour se focaliser sur le mystère de cette disparition qui, il faut le bien dire, se révèle plutôt intrigant dans un premier temps.
Certes, rien de bien notable à signaler du côté de son format d'enquête surnaturelle terriblement linéaire ("The Cellar" pourrait très bien être sorti il y a vingt-trente ans tant son déroulement paraît être régi par un cahier des charges inamovible), où une recherche sur Google est désormais devenu un outil scénaristique bien pratique quand les rencontres avec des témoins du passé ne suffisent plus en vue de remonter aux sources du mal, ou encore au sujet de ses manifestations surnaturelles très ordinaires, qui s'intercalent dans l'ensemble de façon mécanique comme pour chercher à délivrer un quota de frissons par obligation contractuelle. Toutefois, il fait bien avouer que "The Cellar" a le mérite de capter notre intérêt en intégrant à l'exploration des origines de son histoire des notions finalement assez peu usitées de mathématiques et d'alchimie afin de donner plus d'ampleur à son décorum paranormal, nous faisant ainsi miroiter pendant un bon moment la possibilité d'un film qui a peut-être quelque chose de réellement inédit à offrir dans le tout-venant de l'épouvante (on ne s'attendait vraiment pas ce que le nom de Schrödinger soit cité dans cette affaire par exemple)...
Mais tout cela ne va vite se résumer qu'à une illusion éphémère quand "The Cellar" va se vautrer dans les escaliers de sa propre cave en se débarrassant de son apparat faussement scientifique pour en revenir aux ressorts surnaturels les plus rudimentaires (jusqu'à l'imagerie poussiéreuse à laquelle il fait appel). Reconnaissons que son dernier acte saura se montrer efficace par son ambiance ou par les aspects les plus vicieux de ce qu'il met en scène, se permettant même certaines représentations sans doute trop ambitieuses pour le bien de son propre petit budget, cependant, à ce stade, tout ce qui aurait pu faire le sel original de "The Cellar" aura été hélas sacrifié sur l'autel d'un spectacle pas désagréable en soi, certes, mais trop vain ou attendu pour faire la différence à laquelle le film a tant cherché à nous faire croire.
Au moins, "The Cellar" nous aura permis de prendre des nouvelles d'Elisha Cuthbert, c'est déjà ça...