Royalement, exclusivement, régressivement, débilement : féministe à deux francs. On suit donc une princesse à la sortie du lit, qui, au lieu d'enfiler des chaussons, préfère enfiler les mecs au bout de son épée. Tous les mecs, les premiers qu'elle croisera ("Mais, lui, il t'a fait quoi ? Il était même pas sur ton chemin."), jusqu'à arriver à celui qui l'a cloîtrée pour l'épouser de force, c'est vrai qu'il fera bien au-dessus de la cheminée. Et clap, fin du scénario. Il tient sur un post-it, ce qui explique que l'on se fiche de savoir quoi que ce soit du contexte "avant qu'elle se réveille", l'approfondissement des personnages, les enjeux... Le scénario nous dit (hurle) : "On est juste là pour zigouiller du mec, parce que ce sont tous des pervers... Pas convaincu ? Attendez, on va la faire boire et roter salement, pour dire que c'est un bonhomme... ah zut, c'est sexiste ?
Alors on va rattraper ça en mettant un beau discours où elle dit qu'elle choisira elle-même son avenir ! Et là on fait un plan sur son père le Roi, qui accepte, pour bien montrer que le patriarcat est mort...
Oui, bon, pour la finesse, on verra ça plus tard hein...". On comprend les scénaristes, on ne peut pas tout faire, choisir entre un film tellement engagé qu'il en devient incroyablement puéril et inefficace, et un film qui se permet de mettre en héros une princesse émancipée - qui casse du mec si elle veut, chacun son sport dominical - mais en réfléchissant au background, à tout ce qui l'entoure, pour ne pas avoir l'air de fonder l'entièreté de son propos juste sur une idée courte. On s'ennuie, ce qu'on s'ennuie, face à ces combats qui se ressemblent tous, à ces sauts improbables que la princesse enchaîne sans une égratignure, à cette acolyte traitée comme un mouchoir (eh ben alors ? Il a eu un moment d'absence, le féminisme ?), et surtout face à ces giclées de sang gratuites, tout juste bonnes pour un film d'ados. Beaucoup de mots, rarement positifs, pour décrire pareil triste spectacle redondant et sans aucun fond. Beaucoup trop de mots, qui dépassent largement ceux qui constituent le scénario rachétique de ce navet.