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    Vous ne désirez que moi
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    Cinememories
    Cinememories

    487 abonnés 1 466 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 24 février 2022
    Claire Simon excelle dans l’idée d’une narration, proche des faits et proches des émotions que pourraient dégager ses sujets. Que ce soit dans le cadre d’une redécouverte mystique des bois de Vincennes (Le Bois dont les rêves sont faits), un « Concours » intergénérationnel, la circulation soutenue et pourtant éphémère de banlieusards (Géographie humaine) ou le microcosme d’une cour de « Récréations », la cinéaste finit par percer la douce réalité, à la force d’un regard et d’un point de vue qui épouse l’intensité du moment. Ce sera pourtant avec une fiction qu’elle nous revient, huit ans après « Gare du Nord ». Il s’agira cette fois-ci d’adapter cinématographiquement une interview, un dialogue, dont la lucidité et la sincérité mérite l’écoute et sa pleine restauration à travers l’objectif d’une caméra.

    Ce n’était pas chose aisée, mais le résultat tient ses promesses, quand il s’agira de rendre hommage à au fantôme de Marguerite Duras, présente par à-coups, dans cet échange entre son dernier compagnon, voire amant, et une amie journaliste de ce dernier. « Je voudrais parler de Duras » semble reprit au mot et c’est au détour d’une fascination de la relation amoureuse et littéraire que Yann fut pris à partie. Des lettres de fan qu’il écrit à l’autrice ou de son béguin littéraire pour l’élan de ses sentiments, il revient sur ce qu’on lui aura autant arraché que préservé, à commencer par son nom. Lemée disparaît pour ne laisser que Yann Andréa dans la bouche et les oreilles des autres. Un ouvrage se consacre d’ailleurs à son cas, cet amour d’été à Trouville dans « Yann Andréa Steiner ».

    Puis ce sera l’image de son corps et de son âme qui se brisent peu à peu, où Swann Arlaud campe un Yann, encore désorienté par la désolation de l’écrivaine et de celle qui l’a quelque peu sortie de la solitude. Il affronte ainsi son passé et confronte même chaque instant où Duras aurait pu le rabaisser et le blesser, comme pour justifier le degré d’amour qui les séparait. Pourtant, il rapporte que son point de vue n’a pas pu s’exprimer, pas avant l’interview, qui sonde l’emprise d’une Duras âgée sur ce jeune homosexuel. À travers quelques archives, elle confie sa radicalité, tout en laissant planer de la bienveillance dans ce qui a amené ces écrivains à se chérir. Duras hante tout le récit par des interruptions pertinentes, dans le hors-champ et par le biais de toiles, se superposant au discours et au chagrin de Yann et enveloppant toute la charge sexuelle qui relève de son témoignage.

    Le spectateur, quant à lui, écoute même sans nécessairement connaître la littérature qu’on lui associe, car Duras pourrait bien avoir une aura de personnage de fiction dans la mise en scène de Simon. Il supporte ainsi le regard et l’attention de la journaliste Michèle Maceaux (Emmanuelle Devos). Mais au-delà de cette rencontre, cette dernière peine à exister à l’écran et souffre d’un trop-plein surexplicatif sur ses relations privées. « Vous ne désirez que moi » porte honorablement les valeurs d’un homme, dans les mailles de ses sentiments, mais sans complaintes, bien au contraire. Et c’est de là que son monologue brille et l’emmène enfin face à un paysage qui a perdu sa brume et une partie de sa zone d’ombre. Il semble un peu plus en paix avec lui-même et sa moitié.
    Guillaume
    Guillaume

    114 abonnés 1 580 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 8 février 2022
    "VOUS NE DÉSIREZ QUE MOI" : pointu, très pointu. Une mise en scène volontairement minimaliste pour mettre en exergue la force du texte.
    Seulement pour les initié(e)s ; les néophytes de la littérature, dont je fais partie, s'y trouveront perdu(e)s dès les premières minutes, et n'en apprécieront pas toute la substantifique moelle.
    Bertrand Barbaud
    Bertrand Barbaud

    205 abonnés 396 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 28 février 2022
    Une vieille soupière où mijotent toutes les tares d'un cinéma d'auteur révolu. Le film est bidon, veule, ampoulé, faussement intellectuel, antipathique. Les personnages sont incarnés par une Emmanuelle Devos à la ramasse et un Swan Arlaud interchangeable qui joue à peu près tout ce qu'on lui propose depuis qu'il a gagné des César. La nouveauté, c'est que le film est tellement ennuyeux, tellement moisi qu'il déclenche l'hilarité, malgré lui bien sûr.
    traversay1
    traversay1

    3 645 abonnés 4 878 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 26 janvier 2022
    Les couples composés d'une femme âgée et d'un homme plus jeune fleurissent ces temps-ci au cinéma (Rose, Les jeunes amants, Vous ne désirez que moi) comme faire tomber un tabou persistant de notre société. Et que cela soit le fait de réalisatrices n'est sans doute pas un hasard, mais une preuve de courage et d'audace féminins. Vous ne désirez que moi est bien entendu à part, reprenant le texte de Je voudrais parler de Duras, des entretiens de Yann Andréa avec Michèle Manceaux, enregistrés en 1982, du vivant de l'écrivaine, mais seulement publiés en 2016. Ce face à face, où l'amant de Duras confie jusqu'au plus intime de son existence et de ses sentiments aurait pu être retranscrit en pièce radiophonique ou de théâtre et aurait eu peut-être plus d'impact que comme un film de cinéma. C'est en tous cas ce que l'on se dit durant la projection car ici ce sont les mots qui ont le plus d'importance, dans ce quasi monologue, à peine relancé par l'intervieweuse. Claire Simon réussit tout de même à faire respirer son film à travers une poignée d'archives, d'extraits de longs-métrages de Duras et de remarquables dessins évoquant le plaisir charnel des deux amants . Et puis Swann Arlaud, extraordinaire, incarne un Andréa d'une sensibilité extrême, homosexuel et pris dans les rets de la passion, soumis ou peu s'en faut à une femme exclusive, étouffante et elle-aussi piégée par l'obsession amoureuse. Le plus étonnant, finalement, est que, malgré un dispositif a priori aride, l'ennui n'a pas sa place dans Vous ne désirez que moi, que l'on s'intéresse au nom à l'auteure d'India Song.
    Coric Bernard
    Coric Bernard

    382 abonnés 607 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 11 décembre 2021
    Le film retranscrit l’interview entre une journaliste et un jeune normand fan et amoureux fou de Marguerite DURAS. L’interprétation de Swan ARNAUD dans le rôle de Yann ANDREA est tout à fait brillante et convaincante. La réalisatrice évoque avec force et conviction dans cet interview cette histoire d’amour peu commune. Elle montre bien le caractère torturé de ce jeune homme qui est complètement soumis à l’emprise amoureuse de cette célèbre écrivaine et utilise cet interview comme une sorte de thérapie. C’est intéressant à découvrir.

    Bernard CORIC
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