Allô ? King Jr. au bout du fil(m)... Black Phone est l'adaptation de la nouvelle éponyme de Joe Hill, et dès l'arrivée du fantastique dans le thriller, on reconnaît la patte à cent mètres : "On dirait du Stephen King, mais en très (très) maladroit." Oh, wait... Joe Hill ne nous aura pas dupé longtemps avec son pseudo : c'est bien le fiston de Stephen King. Et si l'on a couru commander le livre à la sortie de la séance, c'est parce qu'on aimerait bien savoir qui, de l'auteur ou du scénariste (accessoirement réalisateur du film : Scott Derrickson), a fait preuve d'autant de maladresse dans le déroulement de l'histoire. On se remémore toutes ces pistes lancées par l'intrigue pour redynamiser la quête de liberté du petit otage (adorable Mason Thames, on veut déjà le revoir dans d'autres productions), sans qu'on n'en suive aucune jusqu'au bout :
que devient cette histoire de tunnel creusé sous les dalles ? Pourquoi enlever la grille de la fenêtre si c'est pour ne rien en faire ensuite ?
(au contraire, si l'on suit la logique du film, c'est un aveu de tentative de fuite, donc "un mauvais point" qui peut entraîner la punition fatale... Laisser le trou béant du tunnel et la grille par terre est un élément du scénario complètement contre-productif !) L'autre point noir du film n'est pas son téléphone, mais Ethan Hawke. On pense que son personnage doit fonctionner terriblement en version papier, mais pas visuellement, car ce méchant avec un masque de diablotin rigolant, parfois en caleçon, qui glousse comme une midinette ne nous fait jamais peur, il nous donne simplement envie de chanter "decalecatan decalecatan, ohé ohé" dès qu'il arrive.... Heureusement, donc, que Black Phone dégaine son fantastique à hauteur d'enfant (l'idée du téléphone est très bien pensée, idem la petite médium en herbe...), son jeune héros qui lutte contre le grand Croque-Mitaine (on est loin de Ça, évidemment, et pourtant il y a des ballons...) est un combat qu'on attend de voir tout le film avec intérêt, et vraiment le regard attristé mais jamais abattu de Mason Thames nous a convaincu. Avec son scénario qui balance les pistes en les oubliant systématiquement cinq minutes après, en faisant des contre-sens parfois, en ayant un méchant qui nous a mis Le Bal Masqué dans la tête, Black Phone nous a surtout donné envie de lire, ce qui n'est déjà pas si mal.