50 ans. C’est ce qui sépare cette version live du roman du J.M. Barrie du dessin animé intemporel de Disney. Avec, entre les deux, une simili suite donnée par Steven Spielberg en personne (Hook ou la Revanche du Capitaine Crochet), qui ne se présente pas comme le plus mémorable des films du papa d’Indiana Jones et d’E.T. Un projet marqué par le fait que le réalisateur a voulu livrer sa propre vision du conte. Un détail qui n’a pas été pris en compte pour ce Peter Pan 2003, et qui se permet de se reposer sur les lauriers du Disney pour ne rien proposer ayant un quelconque intérêt à se mettre sous la dent.
Car une adaptation est régie par deux buts : soit il faut retranscrire fidèlement l’esprit du modèle d’origine et ainsi lui livrer une version visuelle, soit le réalisateur (ou souvent la production) à la tête du projet donne sa propre version. Dans le premier cas, cela donne des films sans prise de risques tels que les Harry Potter, Da Vinci Code ou encore Hunger Games. Et dans le second cas, nous avons La Planète des Singes, les premiers James Bond, Alice aux Pays des Merveilles (de Tim Burton) ou encore Blade Runner. C’est dans la première catégorie que se place Peter Pan. Ce qui est tout à son honneur, il faut le reconnaître ! Mais le résultat ne pouvait se permettre un tel constat, surtout quand Disney était déjà passé par là !
Même si, comme le dessin animé, le film respecte grandement l’œuvre originale (et ce dans les situations et les personnages), cela ne l’empêchait pas de se différencier de la version Disney ! D’autant plus que le film est une production étrangère aux studios de l’oncle Walt (Universal), ce qui en devient presque incompréhensible. Car ce film se présente comme un véritable copié-collé du film d’animation. Usant souvent du même humour et surtout d’une ambiance féérique similaire.
Alors que du point de vue de l’atmosphère, il y avait tant de possibilités à faire. Comme rendre l’ensemble plus adulte, plus sombre (comme le laissait d’ailleurs envisager la bande-annonce, notamment en ce qui concernait Crochet). Ou bien orienter l’univers visuel vers autre chose, qui fasse oublier sans mal Disney. Comme l’avait fait Les 101 Dalmatiens avec Glenn Close (situations différentes, ambiance réaliste…) ou le fera plus tard Blanche-Neige et le Chasseur (comme si le conte des frères Grimm s’était imprégné de l’univers de Tim Burton). Eh bien non, ce Peter Pan 2003 reste une transposition du Peter Pan 1953. Perdant ainsi en surprise et donc en intérêt.
D’autant plus que tout dans ce film a été fait pour qu’il se rapproche d’un dessin animé. Notamment par le biais de décors hauts en couleurs, quelques passages avec Clochette qui frôlent le cartoonesque sans se renouveler et une ambiance bien trop enfantine. Certes, c’est joli à voir (surtout les costumes et les maquillages), c’est plaisant à regarder. Mais cela reste du déjà-vu ! Sans compter qu’au niveau des effets spéciaux, seulement une petite partie du budget leur était consacré, alors que celui-ci était plutôt conséquent (soit 100 millions de dollars). Du coup, les effets visuels ont plutôt mal vieillis alors que 10 ans nous séparent de ce long-métrage, et que d’autres films conservent encore leur charme de ce point de vue là (Jurassic Park, Independence Day, Star Wars Épisode I…).
Quant au casting, il reflète comme il faut ce constat. En bref, nous avons de jeunes acteurs qui s’en sortent bien mais qui n’arrivent pas à aller plus loin que leur rôle de petite personne. N’osant pas aller jusqu’à un certain point de maturité. Je sais bien qu’il s’agit d’une histoire d’enfants qui ne veulent pas grandir, mais les voir réfléchir sur la fin à cette question ne les empêchent pas d’avoir un moment un plus adulte que ça. Et du côté de Crochet, Jason Isaacs reste un bon méchant, plutôt drôle par instants mais qui pouvait pourtant se permettre d’offrir un antagoniste d’anthologie. Comme l’avait fait Dustin Hoffman pour Hook. Malheureusement, il accomplit sagement son travail, sans se surpasser. Ludivine Sagnier, elle, semble s’amuser par le biais de grimace et d’expressions excessives. C’est rigolo à voir, mais encore une fois, c’est la Clochette de Disney qui prend vie sous nos yeux.
Divertissant et bon enfant, Peter Pan peut être un film idéal quand on ne se montre pas trop exigeant. Dans le cas contraire, il est vraiment décevant de voir cette version 2003 prendre à aucun moment une autre route que le Disney et même du livre originel. Se contentant d’une route déjà tracée. S’il semble beau à voir par ses décors, costumes et jeu de lumière, il faut pourtant voir la vérité en face : Peter Pan est un film fainéant, point ! Et quand on voit ce que peut offrir une adaptation live d’un conte, il est fort regrettable que ce Peter Pan n’ait pas été plus loin que cela.