Neuf ans après avoir perdu la mémoire, Dalton, devenu étudiant, et son père Josh doivent faire face à leur passé embrumé, ainsi qu’à de nouvelles entités… Et c’est reparti pour un cinquième train fantôme, encore un qui ne parviendra pas à égaler le premier volet qui, sans être original, arrivait à vous foutre les pétoches avec beaucoup de force, et de plaisir. Le premier *Insidious* avait également été mon premier cri de terreur, car il parvenait à créer une ambiance morbide et malaisante qui vous prenait aux tripes, afin de mieux vous faire sursauter par des jumpscares — et oui — brillants.
Ici, *Insidious : The Red Door* est un ramassis de jumpscares maladroits, mal mis en scène et incapables de réaliser une quelconque atmosphère glaçante. Ils arrivent comme un cheveu sur la soupe, vous font sursauter, certes, mais sans jamais vous provoquer le moindre frisson. La peur arrive, sans aucun effort de réalisation, dans une paresse consternante, le pauvre spectateur voyant le sursaut arriver bien trop facilement — en témoigne la scène de la main ensanglantée et du drap. Les rares bonnes idées sont diluées dans une surenchère horrifique, où tout est mis en place pour essayer de décrocher le plus que possible le sursaut, au prix de la pertinence, de la réalisation, et ainsi du cinéma. Pour citer un exemple, la scène du memory aurait pu être intéressante : une apparition derrière une pancarte comme la saga sait si bien les faire, créant un malaise à l’image — malaise renforcée par « l’insouciance » du protagoniste. Cependant, une nouvelle fois, cette scène est bâclée par un jumpscare intervenant beaucoup trop tôt, sans que Patrick Wilson ait monté la sauce. Ce qui faisait le sel du premier opus, est devenu bien amer au fil des suites.
Pourtant, la toile de fond de ce cinquième *Insidious* aurait pu en faire un film passionnant : en exploitant le souvenir embrumé d’un traumatisme qui a déchiré une famille, la sage horrifique aurait pu se renouveler. Les névroses familiales auraient pu faire l’objet d’une nouvelle peur, bien plus terrifiante que les fantômes du Lointain, comme l’avait fait l’excellent *Hérédité*. Seulement, le réalisateur et acteur s’amuse uniquement à faire peur, rien ne se passe à l’image, la prétendue difficile relation père-fils est inaboutie voire inexistante. Envoyer Dalton à la fac est en soit une fausse bonne idée, car elle restreint l’action dans une chambre d’étudiant et dans un campus bien trop vides pour pouvoir les utiliser pleinement, que ce soit dans le monde réel que dans le Lointain. Cet *Insidious* frise le ridicule en envoyant nos deux jeunes — très mal caractérisés — dans une fraternité. Le malaise provient non pas des événements du film, mais de la gêne et de l’embarras provoqués par ceux-ci. Les protagonistes sont vides, apparaissent et disparaissent du champ de la caméra sans qu’on se soucie d’eux. Cet *Insidious : The Red Door * est un film soporifique, bavard et mal joué, un énième volet qui essaie d’imiter le premier, sans jamais y parvenir. En restent quelques passages sur une forme d’art-thérapie, la peinture comme moyen de partir dans le méandres de la mémoire, à la recherche de soi, et une métaphore picturale qui aurait pu être pertinente si elle était mieux exploitée. C’est d’ailleurs fascinant de voir comment un film qui donne une place importante à la peinture peut autant rater ses maquillages.