Le charme et la nouveauté qu’apporta la Nouvelle Vague dans le cinéma français nous le retrouvons, actuel, étonnant, envoûtant dans ce film qu’on a envie de revoir aussitôt après l’avoir découvert. Pourquoi ? D’abord pour la richesse et la profondeur des rapports entre les êtres, un quinquagénaire et sa fille, son amoureuse qui voudrait obtenir de lui une plus grande franchise et des mots précis alors qu’il est un pierrot des villes, entre rêve et réalité, fuyant, poète persuadé que ses sentiments sont clairs et évidents, incapable de se mettre vraiment à la place de l’autre. Un égoïste sommé par celle qu’il aime de sortir de son cocon nébuleux, de toucher terre et d’empoigner la réalité. Les dialogues profonds et légers, teintés d’humour sont une aventure, un suspense. Une autre surprise est l’intense présence des acteurs. Ils sont complètement crédibles et si « justes » que parfois on a l’impression, par un regard, une expression, un ton, qu’ils s’échappent du scénario pour y ajouter un rien qui viendrait d’eux, totalement. Ils sont tous remarquables mais bien sûr on retient la lumineuse Iris Funck-Brentano qui, j’en suis sûr est promise à un beau parcours, et la vivante Jeanne Delaveney, drôle, excessive, tendre. Si on peut penser à Rohmer et à Eustache, le film est totalement original et il apporte dans le cinéma des années covid, un vaccin contre l’ennui, la peur et la banalité !