"Russell sort ses crocs face au démon !"
Après avoir donné un côté graphiquement fun et gore au sous-genre du film de guerre fantastique avec “Overlord”, dans lequel des soldats yankees parachutés en France à la veille du débarquement, deviennent les proies d’une horde de monstres sanguinaires issus d’expériences nazis.
Après avoir fait de Sylvester Stallone un super-héros torturé dans la ville fictive de Granite City avec “Le Samaritain”, pour la plateforme Amazon Prime, le réalisateur australien Julius Avery s’essaie avec une certaine maîtrise à l'exercice du film d'exorcisme.
Le nombre de daubasses estampillées “exorcisme approuve” étant légion (sans mauvais jeu de mots), depuis pas mal d’années, il fallait un comédien charismatique pour bétonner d’emblée, un scénario plus que pressuré. Russell Crowe prêtera donc ses traits à “L’Exorciste du Vatican” (“The Pope’s Exorcist”) en V.O. L’Espagnol de “Gladiator” devient alors l’Italien Gabriele Amorth.
Cet homme d’église débonnaire campé par un Russell Crowe parcourant les routes avec sa Vespa, est en réalité l’Exorciste du diocèse de Rome. Le personnage qui a bel et bien existé et qui a œuvré pour le Vatican de 1986 à 2016, était placé sous l’autorité du Pape en personne.
Après un prologue intéressant mettant en lumière la frontière ténue entre un cas de possession avéré et un cas psychiatrique, le Père Amorth est convoqué par les hautes instances vaticanes pour rendre des comptes à sa hiérarchie. Amorth n’ayant que faire des critiques de sa congrégation rejoint l’Espagne, mandaté par le Pape (Franco Nero), pour faire la lumière sur une suspicion de possession, celle d’Henry, un jeune garçon ! Arrivé sur les lieux - une ancienne abbaye en réhabilitation - Amorth - à la posture plutôt décontractée - fait montre d’une certaine inquiétude quant à l’aura mystérieuse qui hante les lieux. Désarmées, Julia (Alex Essoe), la mère d'Henry et sa sœur (Laurel Marsden), avaient trouvé du réconfort auprès du Père Esquibel, lui-même impuisssant face aux assauts du démon !
Dès lors, Julius Avery s’approprie l’incroyable décorum baroque pour en faire un protagoniste à part entière. Piégé dans cette immense bâtisse, le spectateur est aux premières loges pour assister au combat ancestral du bien contre le mal avec en filigrane un récit à charge contre l’Eglise Catholique à travers le prisme de la Sainte Inquisition !
Pour les fans de récits démoniaques, la besace “spéciale exorcisme” est pleine jusqu’à la garde, de stigmates, de scarifications, de voix d’outre tombe, de crucifix à l’envers, de prières en Latin, d’oeil injecté de sang et bien d’autres joyeusetés encore. En bref, le cahier des charges horrifique est bien rempli, reste la bonne surprise Russell Crowe. Massif comme jamais (il faut le voir sur son scooter), Mr Crowe nous livre une prestation impressionnante. En roue libre et en soutane maniant aussi bien l’Anglais, l’Italien, que le Latin, le bonhomme s'investit - non sans un certain sens de l’humour - dans sa mission divine d'éradication du Malin, laissant le champ libre à quelques scènes décalées du meilleur tonneau.
Sur l’arbre généalogique des ersatz pas trop mal chiadés de “L’Exorciste” (1973) - le film matriciel de William Friedkin - “L’Exorciste du Vatican” tient son rang (toutes proportions gardées bien évidemment) !