Il faut avouer que le postulat de départ de ce film sud-coréen est quelque peu tordu. En effet, « The Call » part du principe que les deux personnages principaux peuvent se téléphoner du même endroit mais à deux époques différentes. Et c’est ce qui va poser les bases d’une confrontation qui s’annonce extrême pour elles et totalement prenante pour nous, spectateurs. En revanche, pourquoi, comment… ? On ne le saura jamais. Mais une fois avalé ce pitch initial improbable qui ne prend pas le temps de s’embarrasser d’explications qui le seraient encore plus, on entre dans près de deux heures de montagnes russes de tension et de suspense incarnées en film. La Corée du Sud a toujours été douée pour nous proposer des thrillers maîtrisés, originaux et glaçants et cette série B en est encore une fois un parfait exemple. Dans le même genre, on se souvient de « La Mort en ligne » et surtout de la saga « The Ring ». Il ne serait d’ailleurs pas étonnant qu’Hollywood nous en fasse un remake dans quelques années tant le concept est fort et déclinable à l’infini. Même pour des suites que l’on n’espère pas, car elles risqueraient fort de dénaturer l’original.
Avec le principe de la partie dans le passé qui va jouer sur celle dans le présent et de tous les paradoxes temporels qui vont avec, « The Call » s’en tire avec les honneurs et une inventivité notable. Cependant, avec ce type de films où cet aspect science-fictionnel de l’effet domino temporel est présent, il ne faut pas être trop regardant sur la plausibilité de certains détails. On est dans la même mouvance que « L’effet papillon » ou, plus trivialement, la saga des « Retour vers le futur ». En revanche ici, c’est de frissons, de sang et de rebondissements qu’on est nourri. Car le scénario est assez malin et compense le côté parfois répétitif des coups de téléphones entre les deux héroïnes (la méchante et la gentille) par des astuces de script intéressantes et des retournements de situation nombreux et jubilatoires. Passé la mise en place propre mais un peu trop directe qui évacue toute notion explicative, on est parti pour près de deux heures de tension, de faux-semblants et de rebondissements. Jusqu’à l’apparition du générique de fin et après… D’ailleurs, là, on n’est pas sûrs d’avoir tout saisi…
La réalisation de « The Call » est tranchante et adaptée, se jouant du décor de cette immense maison de campagne et ne partant jamais dans l’esbroufe ou les effets ostentatoires. Chung-Yung Lee ne cherche pas à en mettre plein la vue mais à coller au plus près de son script pour maximiser suspense et surprise. On sent que le plaisir de surprendre le spectateur est là de bout en bout. On notera aussi la composition démentielle de Jong-Seo Jun en psychopathe complètement folle qui fera date et nous rappelle au bon souvenir de la japonaise Chiaki Kuriyama vue dans « Kill Bill, volume 1 » et « Battle Royale ». Elle fait clairement peur. Lorsque la machine se met en marche et que ce compilé de frissons, de mystères et de voyages temporels compilé dans un cocktail fou est en marche, plus rien ne l’arrête pour notre plus grand plaisir. C’est un thriller violent certes, mais complètement ludique et surtout maîtrisé. Une bonne surprise.
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