Avec Spaceman, Johan Renck réalise un film de science-fiction dramatique surprenant, mais hélas pas terrible, comportant beaucoup trop de défauts malgré les bonnes intentions initiales. L'histoire nous fait suivre Jakub, un astrophysicien missionné par la Tchéquie dans le but de mener une mission spatiale consistant à analyser un important nuage de poussière aux environs de Jupiter qui est visible depuis la Terre depuis quatre années. Seulement, durant son long voyage, sa femme, sur le point d'accoucher lui annonce qu'elle le quitte via un message vidéo. L'homme, au bord de la folie, repense alors à toute sa vie et son passé, remettant en question son existence. Ce scénario, adapté du roman Un Astronaute En Bohême de l'auteur Jaroslav Kalfař, n'est malheureusement pas très convaincant rendant sa durée d'environ une heure et quarante-cinq minutes beaucoup plus longue. Pourtant, tous les éléments nécessaires à un récit poignant sont présents mais l'écriture de celui-ci n'est pas bonne. En premier lieu, difficile d'imaginer une agence spatiale envoyer un homme seul au fin fond de l'univers. Cela décrédibilise d'emblée l'intrigue, même en tentant de suspendre son incrédulité. Quand bien même, on aurait pu accepter cet état de fait si la romance, qui est le cœur de l'histoire, était touchante. Mais il n'en est rien à cause d'un personnage féminin détestable. Lui est coupable de tout, possède tous les torts et elle est une simple victime. Ce propos n'est juste pas tenable, surtout que son discours à elle est contradictoire. Résultat, cette relation intimiste ne fonctionne pas. Les autres sujets traités à travers ce périple cosmique ne parviennent non plus pas à prendre. Tout cela est notamment dû au fort aspect fantastique présent dans le film, qui prend même le pas sur le côté science-fiction. En conséquence, traiter d'un sujet terre-à-terre en partant dans un délire abstrait est antinomique. De plus, l'ensemble est terriblement redondant, on ressent une grande absence d'évolution dans le récit qui tire en longueur, ne comporte pas d'action et vrille totalement dans sa dernière partie. Tous ces défauts ne sont hélas pas atténués par la très jolie ambiance onirique constante qui s'en dégage. L'ensemble est porté par un Adam Sandler tout juste bon dans un rôle sérieux. Mais le véritable problème provient de sa partenaire Carey Mulligan dont rien que l'expression du visage ne donne pas envie de revenir de ce voyage. Le reste de la distribution comporte entre autre Paul Dano, Kunal Nayyar, Isabella Rossellini et Lena Olin. Mais tous ces rôles ne parviennent pas à procurer beaucoup d'émotions malgré les nombreuses tentatives. La faute à toutes les carences mentionnées. Pourtant, leurs échanges sont soutenus par des dialogues d'une belle profondeur, déclamés de façon apaisante, calme et douce, ce qui devrait toucher. Mais il n'y parvient pas. Sur la forme, la réalisation du cinéaste suédois est en demi-teinte. Même si on ressent de la personnalité, sa mise en scène souffre cruellement de son décor exigu et de son manque de variété. Elle permet tout de même de nous faire ressentir l'apesanteur via les mouvements flottants de sa caméra. Mais les séquences de souvenirs sont elles filmés de manière peu pertinente avec des distorsions et des flous peu esthétiques en plus de ne rien apporter. On saluera tout de même une photographie globalement agréable. Les effets spéciaux sont eux assez douteux concernant la créature à l'allure franchement nanardesque. Ce visuel soufflant le chaud et le froid est accompagné tout du long par une b.o. omniprésente signée Max Richter. Ses compostions sont en adéquation avec l'univers et permettent de renforcer l'atmosphère via leurs notes pleine de suspense. Et même si elles manquent d'identité et sont loin d'être marquantes, elles font ce qu'on leur demande en collant avec les images. Cette prise de conscience orbitale s'achève sur une fin métaphysique frôlant le ridicule, venant mettre un terme à Spaceman, qui, en conclusion, est un long-métrage raté dans son exécution en dépit d'un matériau prometteur, faisant de lui une œuvre franchement dispensable.