Artiste peintre, Francesca Llopis se retrouve bien esseulée quand sa fille décide de quitter le nid familial pour aller faire du surf au Brésil puis de la chanson en Allemagne. Que faire de sa vie quand on est une sexagénaire pleine d’énergie et de charme ? Comment rencontrer un compagnon ?
Il y a une dizaine d’années, un petit film français oublié mais délicieux, Chercher le garçon, mettait en scène une jeune Marseillaise qui cherchait l’amour sur Meetic – rebaptisé Meet Me pour l’occasion. C’était une comédie fraîche et drôle. En allant voir "Francesca et l’amour", j’escomptais un peu le même film version Milf – ou gmilf.
Je me trompais doublement.
D’une part "Francesca et l’Amour" n’est pas une fiction mais un documentaire. Il se déroule à Barcelone sous le soleil de la Méditerranée dans une ville dont les habitants mélangent dans un joyeux sabir castillan et catalan. Il a pour héroïne une plasticienne qui réalise avec talent des oeuvres souvent monumentales, maniant à pleines mains les brosses et les pigments.
D’autre part – et c’est le principal reproche que j’adresserais à ce film – il a deux fers au feu et oublie en cours de route celui avec lequel il s’était promu. Au lieu de se focaliser sur la quête amoureuse de Francesca – ce qu’il fait dans sa première moitié – en nous montrant les rencontres qu’elle effectue, le plaisir, ou le déplaisir, qu’elle y prend et, à travers ses expériences accumulées, d’en tirer des leçons sur la vie sentimentale d’une sexagénaire aujourd’hui, "Francesca et l’Amour" dévie de sa route. Le documentaire dans sa seconde moitié oublie les amants éphémères de Francesca, ne nous parle plus de sa vie sentimentale mais la montre en train de peindre, de discuter avec sa fille via Skype puis de l’accueillir lorsque, après un long voyage, plein d’usage et raison, celle-ci revient enfin au bercail.
Si bien que la leçon un peu frelatée – et terriblement désespérante – qu’on en retire est qu’à soixante ans, une femme célibataire ne doit plus espérer rencontrer le grand amour mais ferait mieux de rester chez elle s’occuper de ses enfants.
PS : Pour les fans d’ortographe, une question dont j’ignore la réponse : faut-il écrire « Francesca et l’Amour » ou « Francesca et l’amour » ? [On sait que si un titre est constitué de substantifs énumérés ou mis en opposition (et, ou, ni), chaque substantif prend une majuscule ("La Belle et la Bête", "Guerre et Paix") mais cette règle vaut-elle pour ce titre-ci met en opposition non pas deux substantifs mais un nom propre et un substantif]