Bon alors ok, c’est un peu facile, mais il n’y a pas 15 façons de le dire, le problème de Dodo est … dans le titre…. Non pas qu’il s’agisse d’un ratage complet, bien au contraire, mais c’est bel et bien le scénario qui est parti faire dodo… Car à tout moment, on attend, on espère, on se dit que peut-être… Et au bout d’01H50, car tout est fait pour qu’on y croit, on a compris que tel son héros éponyme, Dodo ne décollera jamais… Et pourtant, il y a du potentiel Oui, on pouvait s’attendre, espérer du haut délire, du foutraque et une accumulation de fantaisies folles, qui renversent, subjuguent, émeuvent et bousculent le bourgeois, un peu comme avec Ruben Östlund, avec, tout volatile qu’il est, ses deux pieds palmés The square (2017) et Sans filtre (2022), et en fait, pas du tout…
Et pourtant… : Ces histoires attendrissantes dans l’histoire, le migrant et sa fille sauvés et accueillis, qui vont faire famille chez les faux bourges, l’amourette de la mariée avec l’employé beau gosse, l’acteur faussement suicidaire complètement barré sur le déclin et encore plein d’autres putatives pépites, mais voilà, contrairement à la Palme d’Or susnommée de cette année, pas de jubilation de voir le bateau sombrer, attendu qu’il reste désespérément à quai.
Pourtant on l’a dit le potentiel est là : La mise en images foisonnante, l’enchaînement d’images sublimes aux couleurs pétaradantes, la musique enivrante de Delaney Blue, la tronche du Dodo, qui fait penser à la phrase culte dans les tribunes du Parc de Princes de Farrugia dans Didier (1997) : « Mais il a une gueule ce faisan !! ». Avec ce dodo-là, on a le plumage, mais pas le ramage. Et les rames, on les sort pour tenir les deux heures 12 du film… La bizarrerie est parfois là, et elle est réjouissante mais sans jamais trouver le souffle et la folie douce excentrique, vus dans les œuvres précédentes du réalisateur, qu’il s’agisse de L’attaque de la Moussaka géante (2001) haut délire burlesque, ou même Xenia (2014).
Attention quand même, si on peut être déçu au regard de la promesse initiale et du talent du cinéaste, Dodo recèle de très belles trouvailles et petites pépites, aux multiples messages, de plein de degrés et dans plein de tiroirs. Avec un esthétisme évident.
Au final, ce Dodo là est comme une promesse non tenue, une belle intention, mais pas suivie d’effets. Et pourtant, et pourtant, y’en avait du potentiel….