Bowling for Columbine, 2002, de Michael Moore, avec lui-même et…Charlton Heston. Film documentaire militant, nécessaire et effrayant, et pédagogique aussi, sur la libre vente des armes aux USA. En enquêteur bonasse et balourd, M. Moore mène une enquête implacable à partir du massacre dans le lycée de Columbine (Colorado) et du meurtre par un gosse d’une petite fille, à Flint (Michigan) où est né notre dérangeant cinéaste, ville appauvrie par la ruine des usines General Motors. L’ironie est ici utilisée comme un moyen de garder le recul salutaire devant des réalités effroyables. Le traitement des infos, interviews etc. est infiniment plus objectif et crédible que dans le brûlot Fahrenheit 9/11, parce qu’une large place est laissée à la parole des protagonistes. Jusqu’à la scène pitoyable de la rencontre avec le Président de la toute puissante NRA (National Rifle Association), le vindicatif Charlton Heston, qui défend clairement, malgré son gâtisme avéré, une Amérique blanche victime d’un excès de « métissage ». Astucieusement insérés, les propos de la rock star Marilyn Manson, donne une leçon de sagesse à cette Amérique au prise avec ses démons soigneusement et quotidiennement réactivés par les info en général et la télé en particulier, entraînant une peur irraisonnée, autour du terrorisme et surtout de « l’étranger », l’afro-américain, comme au temps du KKK dont le bouseux inculte, parano et manipulé est nostalgique ! Michael Moore est impertinent ? Certes, mais son propos est très, très pertinent. Au regard du Patriot Act de Bush Jr., de Guantanamo et autres « busheries », la liberté constitutionnelle, qui permet à tous citoyens américains de détenir des armes et d’acheter à profusion des munitions, est tout de même très inquiétante ! On voit même une banque qui offre une arme pour toute ouverture de compte…