La chasse
Jérôme Salle est un réalisateur éclectique, mais de talent. Après ses deux Largo Winch, tout à fait honorables, il a réussi dans des genres différents avec Zulu et L’Odyssée. Il revient avec ces 127 minutes d’un thriller classique mais haletant. Russie, 2017. Mathieu Roussel est arrêté et incarcéré sous les yeux de sa fille. Expatrié français, il est victime d’un « kompromat », de faux documents compromettants utilisés par les services secrets russes pour nuire à un ennemi de l’Etat. Menacé d’une peine de prison à vie, il ne lui reste qu’une option : s’évader, et rejoindre la France par ses propres moyens… Du thriller d’espionnage d’excellente facture porté par un acteur à son sommet.
Kompromat est un terme russe désignant des documents compromettants, authentiques ou fabriqués, utilisés pour nuire à une personnalité politique, un journaliste, un homme d'affaires ou toute autre figure publique. Inspiré de l’histoire de Yoann Barbereau, ce film décrit le complot dont est victime un Français en Sibérie. On pardonnera les clichés sur les Russes brutes, rustres, ultraviolents et la romance d’arrière-plan parfois envahissante. La réalisation est virtuose, le montage de grande qualité, le scénario très habile à nous décrire dans le détail ce que peut-être le « rideau de fer » du XXIème siècle. Ce suspense peut paraître un peu daté dans sa facture, mais on ne peut que saluer l’efficacité ce film anxiogène à souhait qui ne révolutionne pas le genre, mais est à classer dans les bons crus. Très convaincant.
Mais disons-le tout net, ce film repose sur les épaules de Gilles Lellouche, au sommet de son art. Engagé, physique, crédible – même quand il parle russe -, il réussit une vraie performance. A ses côtés, c’est également du nanan avec Joanna Kulig, Mikhaïl Gorevoï, Aleksey Gorbunov, Louis-Do de Lencquesaing, Judith Henry. A regretter que la bande-annonce laisse à penser que le film est très violent. Maladroit, mais on a hélas l’habitude quand on parle des distributeurs. Un innocent dans un monde coupable comme le disait Truffaut.