Quelle déconvenue !! A la hauteur de l'attente qu'avait créé le projet de Sir R. Scott. Et je suis encore plus déçu car c'est précisément lui qui est à l'origine de cette débâcle alors même que c'est un de mes réalisateurs favoris qui a porté de nombreux chefs d'œuvres sur le grand écran : Blade Runner, Thelma et Louise (récemment découvert et analysé sur Allociné), 1492, Gladiator, Kingdom of Heaven, American Gangster et bien d'autres encore ! Un autre metteur en scène peu connu aurait été à l'origine de cette "croute", j'eus été moins désappointé. Sans en écrire des centaines de lignes, car il ne le mérite pas, ayons quelques mots pour ce long-métrage.
Selon moi, il y a clairement deux parties : Tout d'abord la première est pitoyable et centrée autour de la relation entre Napoléon et Joséphine où le premier passe pour un obsédé qui essaie de sauter sur la seconde à tous les instants. Quel propos déplacé vis à vis de l'un des hommes les plus puissants (en tant que chef militaire) de notre glorieuse histoire qui ne pâlit pas la comparaison avec Hannibal, Alexandre le Grand ou César. Et surtout quelle utilité pour le film ? C'est d'une nullité ! Ou alors l'objectif était il de faire passer le général corse pour un affreux misogyne en cette période contemporaine si propre à la dénonciation du moindre aspect phallocrate de l'histoire ?
Ensuite, la seconde partie est un peu plus équilibrée et on entrevoit l'aspect glorieux et épique à travers la fin du règne de l'empereur depuis la catastrophique campagne de Russie jusqu'à la bataille finale de Waterloo. Néanmoins, tout va trop vite, tout est trop succinct, la tâche était trop ardue pour le réalisateur ! Dans les années 30, Abel Gance avait réussi à mettre en image l'histoire de l'empereur français en un peu plus de 5h. En 2023, 2h38 sont toujours autant insuffisantes pour essayer de toucher du doigt l'épaisseur de la période napoléonienne.
De plus en ce qui concerne le casting, je suis également désenchanté par la prestation de Joaquin Phoenix (que j'apprécie pourtant beaucoup sous la direction de James Gray) qui a donné un visage aigri et sombre à l'empereur Bonaparte. Je n'avais pas remarqué que Paul Barras était joué par Tahar Rahim et parmi les maréchaux, je n'ai à aucun moment compris que le maréchal Davout était lui aussi joué par un acteur ? Seul Ney était reconnaissable à sa charge désespérée pendant la bataille de Waterloo.
Finalement même si l'idée de centrer l'histoire du film autour de la relation entre Napoléon et Joséphine, relation fusionnelle et continue même après son remariage avec Marie-Louise d'Autriche, pouvait être lumineuse et intéressante, Ridley Scott n'a pas poussé jusqu'au bout sa mise en scène en fonction et a sombré dans les affres de notre époque en faisant passer le "Prométhée moderne" comme disait Victor Hugo, pour un fou, misogyne, sanguinaire, malpoli et mégalomane. Alors que ce sont bien les chamboulements historiques liés à la période de la révolution française et de la révolution industrielle en Europe qui ont donné naissance à N. Bonaparte, c'est lui-même qui s'est inscrit pour l'éternité dans l'histoire avec un grand H de cette fin du XVIIIème et début XIXème.
Je terminerai mon propos en conseillant à ceux que la période napoléonienne intéressent de visionner le tout premier film de Ridley Scott, les "Duellistes" (voir ma critique sur Allociné) sorti en 1977 et ô combien plus palpitant (imposant et prometteur pour un début de carrière) que ce Napoléon de 2023.