Depuis que j’en ai conscience, voir un film d’Albert Dupontel au cinéma est une étape que je ne voudrais pas rater, c’est pourquoi m’apercevoir qu’une petite avant-première de 2 jours sur la sortie officielle est programmée dans le cinéma local m’a plus qu’enthousiasmé.
Et me voilà donc devant ledit cinéma, pas un multiplexe mais bien un cinéma dit d’art et d’essai voire, certains l’appelleront cinéma d’intello. Passons sur ce débat.
Me voilà installé bien confortablement, entouré par ces … ah oui, sponsoring France Inter et lieux adéquate, je suis donc entouré par tout ce qui ressemble à des profs à la retraite ou presque et autre gentille bourgeoisie. Où sont les punk, les anar’ et les rêveurs de l’ancienne époque que je croisais dans ces séances? Bref parlons du film.
Alors voilà, j’aime Dupontel, j’aime sa folie et son enthousiasme cartoonesque qui lui permet de dénoncer, plus ou moins subtilement les travers de notre société. Et force est de constater que tout le monde vieillit.
Où est la gentille folie d’un Enfermés Dehors ou Adieu les Cons (pour ne citer que les dernières réalisations)? La poésie qui lui est propre et qu’il a si bien porté avant (encore Adieu les Cons ou Au Revoir Là Haut) semble avoir disparu.
Dupontel nous sert une farce politique nièvre sans grand intérêt esthétique. Le combat de David contre Goliath, un classique chez lui, est ici montré dans un planplan particulièrement lent et sans intérêt. Une scène résume ce loupé à mon avis, un travelling interminable au-dessus d’une rivière suivant un pygargue à tête blanche (si je ne me trompe) rajouté grossièrement sur la pellicule. Si le symbolisme de l’impérialisme américain flotte sur les petites gens des Cévennes était souhaité, c’est lourd, ou j’extrapole trop.
Avec Dupontel, j’aime aussi voir son choix de casting, je suis rarement déçu et là, autant sur les acteurs choisis, je suis content mais comment ils ont été “exploités” me surprend.
Bouli Lanners aurait mérité sûrement un rôle à la hauteur de son talent mais dirons nous qu’il ne fait qu’un caméo appuyé ici.
Nicolas Marié, un plaisir de le voir à chaque fois, subit un personnage d’une lourdeur improbable. De là à dire que Dupontel n’aime pas le football serait trop facile … mais bon.
Cécile de France, excellente actrice, se retrouve avec un rôle d’une journaliste faussement cruche et souvent gourde mais qui arrive à suivre son intuition.
Je sais qu’avec Dupontel le scénario ne doit pas être logique et ordonné mais ce film le pousse à l’extrême et prend trop de facilités.
Dupontel a aussi dit sur France Inter qu’il sait qu’il enfonce des portes ouvertes, mais les enfoncer sans la manière est trop simple.
Je ne vais pas non plus me mentir, je suis incapable de réaliser ce que fait n’importe quel professionnel du cinéma et ma critique ici n’est là que pour illustrer mon ressenti de déception.
Ce film reste à part dans l’univers cinématographique et ce genre doit absolument exister mais pour un film de Dupontel, c’est une pâle copie.
Voilà, les lumières de la salle se rallument, j’ai entendu les rires aux blagues lourdes sur les Roumains, les politiques et les chasseurs, les gens sont contents parce que, je cite “il ose dire tout haut ça et tout le monde s’en prend plein la gueule”. Quand j’entends les commentaires entre les autres spectateurs, je me demande si on a vu le même film.
Je ne regrette pas de soutenir Dupontel mais je repars quand même déçu, j’ai vieilli, lui aussi, j’espère qu’aucun de nous deux ne se ramollisse trop.
J’attends sa prochaine œuvre en espérant revoir ce qui m’a fait aimer cet artiste, sa vraie folie poétique.