Blueberry c'est le genre de films improbables, c'est adaptation qui parte d'un point de départ connu pour attirer le chaland, mais qui aurait pu s'appeler tout autrement !
Ici on a un bon casting il est vrai, et à l'écran cela se ressent. Cassel est solide, tenant son rôle avec conviction, et apportant un charisme réel à ce dernier. Pour autant ce n'est pas là son meilleur rôle, et il est inférieur à Madsen, remarquable en antagoniste, et malheureusement pas assez présent, au profit d'Eddie Izzard, qui cependant joue un méchant assez réjouissant aussi. Il réussit l'exploit de jouer un personnage ultra caricatural et excessif mais sans excès ! A noter aussi la curieuse Juliette Lewis, qui livre une prestation assez flamboyante, et assure une présence féminine convaincante malgré un personnage trop laissé de coté par Kounen. Quelques bons seconds rôles complète l'ensemble.
Malheuresement le scénario n'est pas à la hauteur du casting. Le film est en effet très, trop vain, il ne se passe pas grand chose, l'histoire est délaissée au profit d'un concept métaphysique et psychédélique lourdingue. Il y a clairement de grosses longueurs, le film cache sous ses airs abstraits un vide assez perceptible, il y a un manque flagrant de fluidité dans la narration, le personnage principal pourtant héros éponyme tient une place bien mineure, et Kounen d'ailleurs délaisse trop ses personnages au profit de ses égarements abscons. J'utilise le terme à bon escient, car Blueberry n'arrive même pas à nous faire pénétrer la dimension chamanique qu'il expose. Ainsi le film sur la fin est une succession d'images numériques fort belles, mais qui ne ressemble pas à grand chose, il faut bien le dire. A noter aussi une soit-disant révélation très prévisible.
La réalisation est inégal. Kounen a un indéniable sens esthétique, et il livre un film très beau, avec des plans magnifiques, un travail recherché et bien agréable à voir. Il ne s'est pas complu dans la facilité. En revanche le montage est terrible. Il y a un coté saccadé déplaisant dans plus d'une scène. Les décors sont très bons, avec de sublimes paysages et une reconstitution soignée, la photographie est du même niveau, avec une tendance pour certaines scènes à un abus d'obscurité. Les effets spéciaux tiennent la route, et n'ont pas franchement vieilli, ce qui est plutôt bon signe pour un film de 2004. Enfin la bande son est honorable, avec même quelques thèmes très mélodieux aux oreilles qui permettent de plonger dans une ambiance envoûtante. A noter que le film propose quelques scènes violentes et de nudité qui le déconseille aux plus jeunes.
Au final Bluebbery n'est pas un mauvais film. Si l'on accepte le peu de fidélité à la bd originelle, c'est même un métrage audacieux, qui se démarque et plaira aux fans de films étranges et surprenants. Malheureusement il n'a pas la consistance nécessaire pour tenir la distance, et je crois qu'un format d'1 heure 30 lui aurait mieux convenu. Pas désagréable, sa lenteur, son abstraction, le manque de substance trop souvent apparent contrebalance des qualités visuels et de casting indéniable. 3.