Je ne comprends pas que ce film ait été aussi « étrillé » par une certaine critique qui y voit du rien, beaucoup de rien, voulu et assumé comme tel…un film rance, ennuyeux, mal joué… Certes Edouard Baer aime cultiver sa figure de dandy dilettante et désinvolte et son film lui ressemble…brouillon, foutraque…allez comprendre pourquoi une équipe de vieux copains se retrouve tous les ans à la Closerie des Lilas pour renouveler la rente offerte à Yoshi, un artiste japonais, à condition qu’il reste oisif pendant l’année. Absurde, je vous l’accorde…les vieilles gloires, se retrouvent autour d’un verre (sans modération et du meilleur !!) mais les bons mots sensés fuser, tombent à plat…. Dans ce groupe de vieux compères, emblèmes d’un Paris intello, l'amour a tourné, les langues se sont fourchues… Tremblant, Jackie Berroyer campe un lointain écho du philosophe Lucien Jerphagnon, diminué et malade, hésitant jusqu’au dernier moment à retrouver ses comparses d'autrefois…. Que le directeur de théâtre qu'incarne Pierre Murat se hasarde à proférer une banalité, l'écrivain Sollersien que campe Pierre Arditi l’humilie de longues minutes …."Qui a été le plus ignoble cette année ?", persiffle Daniel Prévost …et chacun tentera d’y répondre…Et puis il y a Benoît Poelvoorde, comédien un peu perdu, aussi honoré que terrifié à l'idée d'être convié à un mystérieux déjeuner que le Tout-Paris rêve de fréquenter, mais que personne n’attendait et qui se fait rejeter par un Pierre Arditi , dont les énervements de Gaulois atrabilaires sont légendaires, mais qui montre ici une personnalité brutale et, vénéneuse…Et tout ce monde attend, deux choses, d’abord, Michael (Gérard Depardieu) , habituellement leur maître de cérémonie mais qui bougonne dans son appartement et que sa fille presse de rejoindre le groupe…et qui finalement, tel Godot, ne viendra pas…, en second le traditionnel pot au feu, qui cette année est une daube ( réchauffée de surcroit, mais c’est meilleur !!) ce qui met en colère Sollersien contre Jeff, le directeur de la Closerie, d’autant que ses poireaux vinaigrettes ont cette année disparu de la carte…Certaines saynètes peuvent être cruelles comme lorsque Pierre-Henri, ancien chanteur (Bernard Le Coq ) qui joue encore les séducteurs, se fait renvoyer par la serveuse…D’autres moments sont très drôles, comme lorsque cette assemblée de septuagénaires voire octogénaires, sortent de leur poche leur pilulier pour prendre leurs médicaments…en échangeant sur leurs pathologies. En tout cas j’ai ri, ce qui ne m’arrive pas souvent au cinéma, peut-être que, comme beaucoup de spectateurs dans la salle ( à cette heure une écrasante majorité de retraités) , j’ai pris conscience que j’étais de la même génération que cette banque de vieux cons et que comme eux je ne voulais pas voir ce qu’il y a de pathétique dans ce que représente le vieillissement chez ces septuagénaires qui n’arrivent pas à assumer leur âge ?? Ce film est un chant désespéré, magnifiquement écrit, joué et filmé, n’en déplaise à certains critiques et cette comédie, douce-amère, ne manque finalement pas de charme.