Une bande de huit vieux copains, stars de la chanson, du cinéma, du théâtre, du monde de l’art, se retrouve chaque année pour un déjeuner à La Closerie des lilas.
Aimez-vous Édouard Baer, son humour décapant, son charme désopilant, son dandysme mélancolique ? Si oui, courez voir "Adieu Paris" ! Vous allez adorer ! D’ailleurs la salle comble où j’ai vu "Adieu Paris" en avant-première lundi soir était tout entière acquise à sa cause. Édouard Baer en personne y présentait son dernier film, entouré de la quasi-totalité de ses acteurs (Pierre Arditi et Gérard Depardieu manquaient quand même à l’appel). En roues libres, avec Benoît Poelvoorde, il a sorti quelques vannes. Certaines, pleines de répartie, étaient drôles, d’autres moins.
Tel est le problème d’"Adieu Paris", qui n’est rien d’autre qu’un long tunnel de situations et de bons mots, plus ou moins réussis, plus ou moins drôles.
Son sujet laisse perplexe. Huit anciennes gloires y sont réunies : on reconnaît (ou pas) Pierre Arditi, Daniel Prévost, Bernard Le Coq, Bernard Murat et, bizarrement, François Damiens dont on se demande ce qu’il est venu faire dans ce cénacle de vieux septuagénaires. Jouent-ils leurs vrais personnages sous leur vrai nom ? Non. Bernard Le Coq est une star déchue de la chanson, François Damiens une valeur montante de l’art conceptuel. Quant à Benoît Poelvoorde, qui joue un comédien de stand-up prénommé Benoît, il joue sans succès l’incruste au comptoir du bar adjacent.
Édouard Baer – qui arrive avec trois quarts d’heure de retard et s’abstiendra finalement de passer à table – a-t-il voulu signer un film nostalgique sur le temps qui passe, sur la célébrité qui se fane, sur la mort qui vient ? A-t-il voulu croquer avec causticité les derniers feux de stars vieillissantes empêtrées dans leurs petits défauts, dans leurs petites mesquineries ?
Rien n’est drôle dans ce film paresseux. Rien n’est touchant sinon peut-être le personnage de Jackie Berroyer frappé par un Alzheimer qui n’a pas encore dit son nom mais qui montre déjà, dans les absences de son personnage, son macabre visage.