Une idée très peu crédible (un nazi à la cave) traitée de façon encore moins crédible.
Synopsis détaillé : une famille (très) aisée vit dans un magnifique appart d’au moins 200m2 en plein cœur de Paris. Assez grand pour avoir un piano à queue en plein salon, et malgré tout, encore plein de place. Il est architecte et ça marche bien pour lui. Tant mieux (pour une fois ce n’est pas un prof-écrivain en mal d’inspiration…). Mais on apprendra que ce n’est pas cela qui a payé l’appartement : la "garçonnière" appartenait à ses grands-parents juifs, avait été pris par l’Etat français pendant la guerre dans le cadre de l’aryanisation, mais récupéré par la famille en 1945. Personne ne contestera que ce soit un épisode sinistre de notre histoire. Mais c’est un traumatisme en soit pour l’architecte occupant et héritier de l’appartement, né visiblement dans les années 80 - admettons.
Le frère de l’architecte étant moins talentueux, il manque de liquidités (d’argent quoi). L’archi, pour se fournir en dites liquidités et aider le frangin, décide de vendre la cave, à 10.000 euros (une affaire). Un homme élégant (Francois Cluzet) achète, et paye en signant l’acte de vente dans un café, avant même de passer chez le notaire.
Un peu pressé, l’acheteur va rapidement s’installer dans la cave, avant même d’officialiser le tout chez le notaire. C’est très ennuyeux : il avait acheté la cave pour y mettre des affaires, et non pour y loger comme un rat. On lui demande de sortir mais rien n’y fait, c’est « sa » cave et c’est tout. Na !
La faiblesse majeure du film tient au fait qu’être un descendant d’un descendant de victime des nazis est ici présenté comme l’équivalent d’un stress post traumatique extraordinairement frais. Je ne discute pas de la souffrance des individus et encore moins de la sincérité de cette souffrance, je dis simplement que cette question est en soit importante et devrait faire l’objet d’une réflexion, alors que le film la présente comme une réalité indiscutable.
En effet, suspicieux, l’archi (vendeur de la cave) mène sa petite enquête sur cet encombrant acheteur et découvre que c’est un prof qui s’est fait virer de je ne sais quel lycée pour… propos révisionnistes. Horreur ! Comme un coup de tonnerre dans le ciel de Pologne! Notre valeureux architecte fonce chez le notaire (il devait enfin y finaliser les papiers, mais il est à la bourre car il enquêtait justement sur l’homme de la cave, vous suivez ?), en sueur, le souffle court, la lippe supérieure prise de mouvements nerveux, la voix grave. Hors de question de vendre à cette raclure (là, les insultes fusent, c’est open bar). Ensuite, je vous la fais courte : le prof révisionniste (Cluzet) ne veut pas rendre l’argent et veut garder la cave pour y vivre car il est rejeté de partout (ce qui est normal, me direz-vous, il l’a un peu cherché quand même, on ne va pas le plaindre), ce qu’il peut faire puisque même si notre notaire n’a pas finalisé les papiers de la vente immobilière, il a tout de même un contrat de vente signé. Re -Na !
Le reste du film est peu crédible : on a beaucoup de mal à s’apitoyer devant une famille vivant dans un appartement qui vaut visiblement plusieurs millions d’euros, parce qu’un demi-SDF (même s’il est néo-nazi) vit comme un rat dans la cave de l’immeuble. En effet, le film décrit alors
la lutte de cette courageuse famille depuis son appartement de 200m2 devenu un ghetto de Varsovie symbolique, contre le mal nazi tapi dans la cave (devenue symbole du nid d’aigle, logiquement, enfin je crois). La pression est énorme, notre archi perd ses nerfs. Sa femme, dans un tel moment d’insupportable effroi, décide de partir, la famille explose. Elle exploserait à moins : comment ne pas penser, dans le salon, la salle à manger, le bureau, la bibliothèque, la cuisine, ou l’une des 4 chambres, à l’horreur des camps, à la guerre, à la promiscuité, aux privations, quand un prof d’histoire SDF et révisionniste vit à la cave 5 étages plus bas ?
L’auteur doit s’imaginer courageux, presque lanceur d’alerte. Il ose en effet dévoiler les arguments des révisionnistes, même si les esprits faibles peuvent s’y embourber (merci de nous éclairer ainsi, on est un peu bête et on aurait pu tomber dans le piège). En effet,
Cluzet parle à la fille de l’architecte (une crétine de millénial passant son temps à râler et à croire qu’elle a tout compris à la vie et que tout lui est dû) en rappelant simplement qu’on « a le droit de se poser des questions », et qu’on ne devrait pas être discriminé pour « se poser simplement des questions ». La jeune crétine tombe dans le panneau, et en effet, va exprimer une fois devant son père l’idée que l’on ne devrait pas « être puni pour simplement s’être posé des questions ». Là, paroxysme du drame familial, litres de pleurs, hurlements de désespoirs comme le cinéma Français sait si bien faire. Le drame total, absolu, c’est trop. Heureusement, devant la douleur de son père (né vraisemblablement dans les années Mitterrand, mais ne cherchez pas), la jeune nigaude va comprendre toute l’horreur des raisonnements révisionnistes, et le père, fou de rage (juste et saine colère) que le nazi ait pu adresser la parole à sa fille, part à la cave lui péter la gueule (ce qui est le symbole de la libération d’Auschwitz, les critiques les plus fines l’auront compris).