Nos nounous à nous
Julien Rambaldi fait volontiers dans le film social. Même si on est loin de Ken Loach, il tisse des histoires révélatrices des maux de notre société mais en gardant systématiquement une place pour le sourire. En témoignent deux de ses films, Bienvenue à Marly-Gomont et C’est la vie. Angèle, jeune femme ivoirienne, s’en est toujours sortie grâce à sa tchatche et à son culot. Pour s’éviter les représailles d’une bande de malfrats, elle parvient à se faire embaucher comme nounou d’Arthur, un garçon de 8 ans des beaux quartiers. En découvrant les conditions de travail des autres nounous et leur précarité, Angèle décide de prendre les choses en mains. Sous l’œil admiratif d’Arthur et avec l’aide d’Édouard, jeune avocat qui ne tarde pas à tomber sous son charme, Angèle va alors se battre pour rendre justice… 105 minutes enlevées, drôles mais laissant toujours place à l’émotion et qui met à toujours un combat social passé sous silence. Une belle surprise.
Le scénario a voulu mettre en évidence ce mur invisible qui se crée entre les parents et les aides à domicile. Curieusement, les deux s’accommodent de l’inacceptable : salaires misérables – quand ils sont payés -, travail non déclaré, abus de position dominante, mépris généralisé de ces femmes le plus souvent toute dévouées. C’est tout ce qui est dénoncé ici. Ce n’est sans doute pas que le square choisi pour le tournage – le square d’Anvers Paris 9ème -, se situe telle une frontière symbolique entre un Paris chic et d’un autre beaucoup plus populaire de part et d’autre du boulevard Rochechouard. Même si on ne lésine pas sur les invraisemblances, on entre très vite en empathie avec l’héroïne, ses amis et leur combat. Réalisation dynamique avec beaucoup de plans-séquences, lumière soignée et un casting très investi. Un joli moment.
1er grand rôle pour Eye Haïdara, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle a un sacré abattage. La réussite de cette comédie engagée repose sur ses épaules. Et elle assume. A ses côtés, on découvre un Ahmed Sylla très sobre et Léa Drucker, le tout jeune Vidal Arzoni, - une belle découverte -, Bwanga Pilipili, Marc Zinga… Tout le monde joue la même partition avec une tendresse communicative. Ce n’est certes pas un grand film, mais un de ces moments de cinéma plus qu’honorable et qui mérite de trouver son public. Comme quoi les bonnes intentions et les bons sentiments peuvent faire de bons films. Allez-y !