La comédie trash et grinçante, quand c’est bien fait, j’adore. Les Monstres, Relatos Salvajes, même le Chatilliez de la grande époque ; ou, côté série, Larry David, Inside Number 9, etc. Le problème, c’est que faire rire avec des horreurs, dénoncer tous azimuts sans tomber dans le poujadisme, ça demande de la rigueur et du talent. Qualités dont est dépourvu Meurisse, eh oui, n’est pas Mocky ou Tarentino qui veut. Même le seul truc qui puisse sauver le film, les impros de comédiens talentueux, ex-Deschiens, Dedienne, Gardin, Podalydès, etc. ne sont pas maîtrisées, Meurisse a dû donner un RTT à son monteur, c’est en roue libre, on a l’impression qu’on filme in extenso un atelier théâtre en Avignon off. Au-delà (et/ou à cause) de ces grosses lacunes de forme, le fond pue autant que ce qui tourne dans le micro-ondes du serial violeur : apologie du revenge crime, populisme politique, c’est Dino Risi à la sauce Gilets jaunes, Mocky qui se prendrait au sérieux. Exemple de cette médiocrité potache et beauf digne d’un Jean-Marie Bigard : un personnage masculin s’étant fait violer, on le voit à la fin du film sortir un coussin de son sac à dos afin de pouvoir s’asseoir. Ach, grosse rigolade, j’espère que ça fera le best of des Grosses Têtes. En plus même ce cynisme d’opérette n’est pas tenu, puisque de temps en temps on passe au premier degré larmoyant, comme avec le dénouement, totalement invraisemblable, de l’histoire du couple de retraités ; là on a droit à un « moment émotion », avec cette pauvre Barbara, qui décidément doit se retourner dans sa tombe ces temps-ci, entre la caution compassionnelle de ce navet nauséabond et la touche « c’était le bon vieux temps » du clip de Zemmour. Bref, un film après lequel il faut prendre une bonne douche ; je donne une étoile pour les 5 minutes de Blanche Gardin, qui valent leur pesant de cacahuètes.