Seconde d’une cheffe très médiatisée, Cathy (Audrey Lamy) pète les plombs et quitte son travail. En attendant elle accepte un poste de cantinière dans un foyer pour jeunes migrants sans papiers… Evidemment devant un tel synopsis le pire est à craindre : démonstratif façon pachydermique, larmoyant façon Kleenex et prêchi-prêcha forçant à l’adhésion façon « sinon vous êtes des fascistes, voire des nazis ». En fait, pas du tout, Louis Julien Petit filme avec beaucoup de finesse la reconstruction d’une caractérielle déboussolée, au sein d’un groupe de mineurs à qui elle enseigne un métier (CAP de cuisine) pour qu’ils soient régularisés. Sa grande force est d’avoir utilisé aux côtés de François Cluzet, Chantal Neuwith et l’impressionnante Audrey Lamy, des véritables migrants d’un foyer. Bien sur, par moment leur jeu, souvent sincère, flotte quelque peu. Le critique des Inrocks s’attendait visiblement à une performance d’acteurs confirmés, et un français de lettré. Heureusement, pour la crédibilité de l’ensemble, il n’en est rien, et une véritable fraîcheur s’exprime par leur bouche parfois résignée quant au sort qu’ils ont connus, n’osant que timidement espérer une possible insertion. La revanche finale, qui au passage écorne les émissions type « Top Chef » dont la TV nous abreuve, grâce à l’acidité d’un comique vachard, ne peut que générer l’adhésion. Sans atteindre le niveau de « Discount», le réalisateur nous offre un joli film à la linéarité sans scories, où Audrey Lamy, dans un rôle à la découverte de la voie (la transmission), a remporté le prix d’interprétation, féminine au Festival International du Film de Comédie de l'Alpe d'Huez 2022. Et toc !