Comme souvent avec ce type de comédie sociale en général et avec le cinéma de Louis Julien Petit en particulier, il émerge de La brigade, une belle générosité et une grande énergie. L’engagement est total, et l’envie, en chorale, de jouer est manifeste. Il s’agit bien d’un collectif, qui dans les codes classiques de la rencontre va se nourrir à tout point de vue d’ailleurs dans le film, pour proposer au final quelque chose qui va les dépasser, les sublimer. Mais le gros problème du film est qu’il ne suffit pas d’opter pour un sujet profondément humain pour composer une œuvre qui deviendrait mécaniquement « Un grand moment d’humanité », comme l’écrirait un jeune diplômé en Master Cinéma et Audiovisuel.
Il y a même comme cette désagréable impression, que sous couvert de la comédie sociale et du cinéma vérité, certains sujets deviennent très bankable, alors que l’on peut en effet partager l’aspiration et les convictions d’un réalisateur, tout en demeurant exigeant cinématographiquement. S’il est clairement intéressant de parler du sort des mineurs non accompagnés sur un volet autre que celui du prisme du raccourci, il n’est pas non plus certain que l’exposition de bons sentiments comme c’est le cas dans La brigade serve véritablement les intérêts du sujet.
Quand même par moment, à force de tartiner, ben ça dégouline un peu… L’omniprésence de cette volonté d’empathie permanente génère une immense impression de déjà-vu. On enfile un peu les perles comme à la garderie, dans un « Feel good movie » poussé à une forme de paroxysme et d’extrême. De fait, l’humour est affaire de subjectivité, preuve en est que la salle, lors de la projection a très souvent rit, là où votre serviteur, clown triste, était de marbre… Tant mieux, il faut prendre du plaisir en ces temps troublés. Pour autant, pour tenter d’objectiver et se permettre d’affirmer sur un mode factuel que les vannes du film ne fonctionnent pas vraiment, il suffit de constater que c’est un humour déjà vu et entendu au bas mot au moins 1000 fois au cinéma. Si ça sent parfois un peu le réchauffé dans la cuisine de La brigade, avec un scénario qui tient quand même sur un post-il, il demeure cette énergie qui pourra être largement contagieuse pour nombre de spectateurs, et c’est une très bonne nouvelle.