« Parfait, empaquetez-moi ça. »
Deux minutes. Il suffit de deux minutes pour comprendre que ce remake d’un chef d’oeuvre va être lourd visuellement (accumuler les prises de vues techniques sans en maîtriser le sens ni la cohérence, il ne faut pas le faire) et émotionnellement (la musique, les regards, les reflets).
Alors on aime bien Jamel, on aime bien Auteuil mais s’attaquer à un classique demande un peu plus qu’un effet de sympathie sincère. Faisons néanmoins fi des comparaisons : si l’objectif de James Huth est de faire connaître le scénario fulgurant de Francis Veber aux plus jeunes, pourquoi pas ? On peut alors se demander si un casting plus en phase n’aurait pas été plus judicieux. Passons, d’autant qu’Alice Belaïdi tient plutôt bien sa partie, au contraire du jeune Simon Faliu (diriger des enfants sur un tournage, ça n’est pas donné à tout le monde). Reste que les rares confrontations Jamel-Auteuil révèlent le talent inné de l’un et l’autre, naïveté d’un côté, froideur de l’autre, émotion franche versus émotion coupable et contenue.
Si on décide donc de se laisser aller, une fois passé la demi-heure, on pourrait admettre que c’est pas mal, comme petite comédie du dimanche soir sur TF1, avec quelques sursauts comiques propres à l’esprit Brice de Nice et à Jamel. La dernière partie, pourtant, beaucoup plus nuancée, beaucoup plus subtile, est assurément la meilleure de toutes, le film prenant sa véritable indépendance par rapport à celui de Veber.
A titre personnel, enseignant en milieu difficile et confronté parfois à des comportements ancrés, je regrette que le propos, tout comme ce fut le cas pour le film original, puisse très vite dévier et faire dévier les esprits primaires vers une critique éructante de l’enfant-roi (véritable syndrome éducatif et somme toute assez rare), ce qui n’a strictement, mais strictement rien à voir avec le propos défendu ici.
Au final, si on s’accroche pendant la première demi-heure, si on excuse les tentatives de James Huth de passer pour un grand réalisateur, si on passe outre les rebondissements prévisibles nécessaires au genre, si, enfin, on se laisse aller durant la seconde demi-heure, on reconnaîtra que c’est un film tout à fait potable, du genre qui fait réfléchir et qui amuse, s’affranchissant de son modèle. C’est déjà pas si mal.