Un petit film de vampires en terres irlandaises, ça vous dit ? Et dans un village dont la légende d'une créature à canines proéminentes aurait inspiré l'ami Bram Stoker pour son fameux roman "Dracula" qui plus est !
D'ailleurs, sa tombe symbolisée par un tas de pierre est aujourd'hui la principale attraction touristique de County Hell, localité rurale déchirée par un chantier de construction menaçant ses traditions et certains d'habitants d'expulsion. Au centre de cet affrontement, deux familles dont les fils sont inséparables depuis l'enfance mais leur amitié est elle-même menacée par le départ de l'un d'entre d'eux du village. Une nuit, tout bascule lorsque les deux adolescents sont victimes d'un drame à proximité de la tombe du vampire légendaire...
Dès sa scène d'ouverture sanguinolente, "Boys from County Hell" fait partie de ces petites productions pour lesquelles on a un capital sympathie quasi-immédiat. L'idée d'un vampire originel méconnu (et défiant en plus les codes attendus du genre) est franchement attrayante, le long-métrage de Chris Baugh prend intelligemment le temps de nous plonger dans l'ambiance locale et de nous présenter sa bande d'habitants/héros un brin décalée avec une bonne dose d'humour à froid, la mise en scène fait preuve de suffisamment d'énergie pour rythmer l'ensemble... Bref, tout semble augurer un divertissement horrifique des plus sympathiques !
Et puis, à notre grand étonnement, le film se met déjà à dangereusement s'enliser dans les présentations de ses enjeux. Les parallèles entre les problématiques passé/avenir de ce village, les visions opposées de deux pères, le fossé générationnel entre un parent et son enfant, la fin d'une ère dans une amitié due à un départ et évidemment une menace ancestrale qui va retenir tout ce petit monde contre leur gré peinent à démontrer une réelle plus-value inédite face à d'autres œuvres du même type. Malgré quelques bons sourires, la légèreté de ton se révèle aussi étrangement timorée, se diluant dans une bande de personnages finalement pas si amusante ou attachante que voulue (certains sont soit trop stéréotypés soit trop peu caractérisés pour s'imposer). Et même les petites trouvailles du côté horrifique (une consommation du sang très particulière notamment) n'arrivent pas à faire oublier le côté très inégal de ce que a à proposer "Boys from County Hell".
Heureusement, à partir du moment où les héros vont se mettre à graviter en vase-clos autour de ce qui va constituer le plus gros twist de cette histoire (prévisible cependant), le film va connaître un second souffle dans l'action, rendant bien plus constante l'efficacité du spectacle délivré dans sa deuxième partie. D'abord dans un affrontement où chaque membre de la petite bande va enfin avoir son moment pour briller mais surtout dans un dernier acte qui, élagué des personnages les moins intéressants, va avoir la bonne idée de se recentrer sur une savoureuse relation dysfonctionnelle père-fils face aux assauts du plus dangereux des vampires. Autant du côté de l'humour (Nigel O'Neill en père antipathique est un vivier de réactions improbables !) que du côté de sa créature vampirisant soudainement l'écran de sa silhouette, "Boys from County Hell" atteindra alors le meilleur de son mélange des genres, nous laissant avec la certitude qu'il aurait gagné à canaliser son énergie autour de ses meilleurs atouts plutôt que de s'éparpiller. Dommage, le potentiel pour bien plus était là pourtant...