Jamais, sans doute, le cinéma algérien n'avait eu une aussi grande ambition que dans La dernière reine, drame historique se situant au début du XVIe siècle à Alger, alors sous domination espagnole, avec pour protagonistes principaux la légendaire reine Zaphira et le fameux pirate Aroudj Barberousse. Un film plein de bruit et de fureur, avec des batailles sanglantes, des intrigues politiques et des trahisons familiales, à rendre jaloux Shakespeare, lui-même. Quant à son héroïne, Zaphira, dont rien ne prouve qu'elle a réellement existé, mais qu'importe, incarnée par Adila Bendimerad, qui a aussi écrit et coréalisé le film, sa force de caractère et sa résistance au pouvoir masculin en font un mélange détonant de la reine Margot et de Cléopâtre. Dans ce véritable blockbuster, dont les moyens, malgré tout limités, n'entravent presque pas l'efficacité, un peu moins de violence (on y égorge à tour de bras) et un peu plus de richesse dans les dialogues, sans oublier le contrechamp sur le peuple algérois, qui n'y figure pas, n'auraient certainement pas nui à cette aventure audacieuse et courageuse. Il y a en effet, dans cette entreprise, la volonté de se réapproprier un pan de l'histoire de l'Algérie, bien longtemps avant la colonisation française, et totalement inédite au cinéma.