Le monomaniaque au tracteur
Qu’est-ce qui conduit un homme établi à mettre en péril son confort, sa carrière et son couple ? La passion, d’autant plus brûlante qu’elle est tardive, pour cinq hectares de terre limousine. Mais la terre se mérite, surtout quand on vient de la ville. Voilà Franck précipité dans la quête du Graal. Il lui faut un tracteur. Il aura fallu 94 minutes passablement sans intérêt à Emilie Deleuze pour nous raconter cette histoire mille fois vues déjà au cinéma. Si ce n’est pas une bouse, c’est vraiment ras des pâquerettes.
Curieusement, le 1er film de notre réalisatrice du jour, Peau neuve – 1994 -, partait sur les mêmes bases, le bobo parisien – cliché -, qui veut à tout prix changer de vie – re cliché -, et s’installer à la campagne où l’intégration s’avère plus difficile que prévue – re re cliché -. A retenir au crédit de la cinéaste, un très bon, Jamais contente en 2017. Depuis rideau, à part des réalisations de séries pour la télé. Bon, soyons clairs ! Côté cinéma, rien de bouleversant. Côté scénario, vous l’avez compris, c’est faiblard. Les hommes aux prises avec les machines me fascinent, confie Emilie Deleuze, Ah bon ! En tout cas, il n’y a visiblement pas là de quoi faire un film… Enfin un film intéressant. Et là, à part le Limousin qui est très beau et le tracteur qui joue très bien, c’est un peu le désert. Franchement pour une fille de philosophe – eh oui ! Papa s’appelle Gilles -, c’est creux, ça donne le vertige.
Ce n’est pas la première fois que Lambert Wilson tourne un film dans lequel il campe un citadin invétéré qui vient s’installer à la campagne, loin de ses bases, pour y jouer les nouveaux ruraux. La Vache, Les choses simples, sans compter Les mains en or, où le conflit culturel est à peu près semblable à celui de cette comédie. Alors Mister Wilson fait son numéro, bien joué mais convenu. Il patauge dans ce bourbier avec Marina Hands, Laurent Poitrenaux, Lionel Dray, Arthur Dupont. On nous parle de road-movie initiatique, mais je ne suis pas sûr que le tour de France d’avant-premières dans les salles de province profonde fera l’effet escompté sur la fréquentation desdites salles. On parie ?