Au rendez-vous de l’hystérie
Valéria Bruni Tedeschi fait dans l’autobiographie et nous propose ici, pendant 125 minutes, une adaptation libre de ses souvenirs, d'une troupe de comédiens qu'elle a connue. Fin des années 80, Stella, Etienne, Adèle et toute la troupe ont vingt ans. Ils passent le concours d’entrée de la célèbre école créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans au théâtre des Amandiers de Nanterre. J’ai l’impression qu’il est de bon ton d’aimer, d’adorer, de porter aux nues cette longue évocation des années 80 marquées par l’épidémie de SIDA qui va tant peser sur la jeunesse de l’époque. Hélas, tout ce petit monde est frappé d’hystérie permanente et, croyez-moi, c’est épuisant.
Dans ce drame, la réalisatrice s'est nourrie de son expérience à l'École des Amandiers de Nanterre de Pierre Romans et Patrice Chéreau où elle s'est formée dans sa jeunesse et où elle a côtoyé notamment Agnès Jaoui, Vincent Perez, Marianne Denicour, et beaucoup d’autres. Bien sûr, il y a là une bonne partie de fiction – mais laquelle ? -. Peu importe car les ingrédients sont tous présents, le sexe, les amours contrariées, la drogue, le Sida, tout, je le répète, mais dans l’excès. J’ai eu beaucoup de mal à partager les états d’âme de la troupe, les hurlements, les crises de nerfs à répétition et l’hystérie quasi collective qui s’empare de la troupe. Ce n’est sans doute pas pour rien qu’un des jeunes acteurs a écrit 20 ans plus tard un récit de cette période qu’il a intitulé Un petit tour en enfer. CQFD. Pour moi, cette projection n’est pas loin d’y ressembler malgré la qualité intrinsèque de la distribution.
Pour trouver les jeunes interprètes de la troupe des Amandiers, la réalisatrice a cherché avant tout des personnalités et un groupe cohérent. C’est ainsi que son choix s’est porté sur la remarquable Nadia Tereszkiewicz, le débutant prometteur Sofiane Bennacer, Louis Garrel, - dans la peau de Chéreau - Micha Lescot, et les autres. Quant au Platonov de Tchekhov qui se répète durant le film, franchement on n’a pas très envie d’en voir la représentation… Quel ennui ! Bon, tout ceci n’engage que moi ; la presse est dithyrambique à propos de ce gros numéro de nombrilisme. Mais il faut dire que Mme Tedeschi « a la carte » comme on dit. Alors, il semble quasi impossible d’en dire du mal. Tant pis, j’ose ce crime de lèse-majesté.